jeudi 15 décembre 2011

« Vous n'êtes pas qualifié pour traiter ce sujet »


« Vous n'êtes pas qualifié pour traiter ce sujet »

Quand on critique les nanotechnologies, les OGM, la géo-ingénierie, la biologie de synthèse, les projets scientistes de société (comme ceux de Zeitgeist), les utopies fondée sur l'informatique... Bref, partout ou je crois avoir affaire a un scientisme, on m'oppose parfois un déni d'opinion. « vous n'êtes pas scientifiques, vous n'êtes pas expert, vous ne pouvez pas parler de ces sujets ».
Et comme la société se base de plus en plus sur ce genre de technique, d'ici peu (si ce n'est pas déjà le cas), vous n'aurez plus rien le droit de dire sur quoi que ce soit. Le revers de ce problème fait parti d'un projet qui peut-être positif : fondé une société qui sur les questions vitales reste fonctionnelle avec des techniques que tout le monde peu fabriquer ou réparer soit même.

1.Désarmer les scientistes
L'objectif de la science, n'est pas la vérité, en tout cas pas au sens courant du terme. Elle est avant tout une méthode : élaborer un savoir rigoureux. La science c'est ça. Le savoir scientifique c'est quoi ? C'est la qu'intervient la question de la vérité. Pour distinguer un savoir scientifique de quelque chose qui ne l'est pas, il y a un enjeu sur ce que signifie la vérité.
Tout d'abord, j'écarte l'idée qu'une théorie peu se vérifier par l'expérience pour partir d'un enjeu pratique : vous avez réalisé une expérience... mais pour expliquer le résultat différentes théories sont possibles. Comment choisir ? C'est la qu'apparaissent les différents critères sur ce qu'est la vérité.
_Fécondité (les nouveaux problèmes ou raisonnements qu'elle apporte).
_Exactitude,
_Simplicité (ou beauté)
_Amplitude (ce qu'elle permet de comprendre parmi ce que l'on ne comprenais pas)
_Pragmatisme (ça fonctionne !).
A chaque fois, il y a un enjeu sur ces critères. Chacun les organises comme il le veut, mais on y échappe pas. Ces critères distinguent en fait ce que l'on attend de la science. Si on attend qu'elle permette des prédictions, ou que l'on puisse répéter l'expérience, on optera en faveur de telle ou telle explication.
Mais quand vous êtes Historien, par exemple. Vous faites de la science, mais es ce que vous allez chercher la prédiction ? Un ensemble de pratique classée à pseudo-scientifique (parapsychologie, cryptozoologie et j'en passe), pourrait être reconnu comme science, au même titre que l'histoire a condition qu'elle en garde le même objectif : description de ce qui s'est passé, et pas prédictibilité ou discours type ontologique (la réalité du monde c'est ceci etc...).
Toute science a inévitablement un présupposé métaphysique qui est nécessaire pour elle dans la mesure ou il définit aussi son objectif. Le conventionnalisme est une philosophie des sciences qui permet d'accepter de vivre avec ce problème : nos sciences sont fondées sur des conventions.

2. Ce que les scientifiques veulent, n'est pas ce que société veux.
L'objectif d'une société n'est pas d'apporter des prédictions, ou des connaissances historiques, mais de permettre de vivre ensemble. Cela ne veux pas dire qu'elle s'oppose aux idées précédentes, mais que ce n'est pas sa préoccupation première (son télos).
Malheureusement beaucoup de critique des OGM, des nanotechnologies etc... ne voyent pas la différence, et pense que pour critiquer ces « objets » il faut apporté des arguments scientifiques (il faut dire que c'est aussi ce que la loi exige...), alors qu'il faut en fait apportés des arguments politiques. L'objectif n'est pas de dire que les scientifiques ont faux, ou tort, ou que leur science ne fonctionne pas. Mais de dire, ce n'est pas avec cette pratique que nous répondrons au problème de société que nous rencontrons.
Malheureusement, je continue à voir des critiques des OGM dire : c'est dangereux pour la santé, pour l'environnement etc... OR c'est invérifiable quand vous n'êtes pas scientifiques. Par contre, l'on peu dire : la propriété sur le vivant est néfaste pour la possibilité de chacun de produire ce qu'il veut manger. L'argument tient très bien politiquement, et il suffit. Le problème c'est que les exploiteurs ne veulent pas l'entendre. Mais ça c'est une autre histoire.
Les scientistes n'entendront rien a l'argument, d'autant qu'il existe aussi des scientistes en politique (en général des marxistes orthodoxes) qui lorsqu'ils entendront cela vous dirons : vous voulez la science prolétarienne ? Ce qui signifie en gros refuser la génétique, comme Lyssenko, en disant qu'elle n'est pas une vraie science. Or le discours que je tiens est différent : le problème n'est pas de dire vrai ou fausse science, mais conséquences politiques de la pratique (que peu plus ou moins transporté les scientifiques avec eux). Par ailleurs, on a connu aussi l'eugénisme. A son moment de gloire l'eugénisme reposait sur de vrai théories scientifiques... on accepte couramment aujourd'hui de reconnaître que la pratique était néfaste. Confondre description, ou même prédiction, avec prescription a mené a toute sorte de choses atroces.

3.Nous ne sommes pas obscurantiste.
L'accusation arrive assez vite. Si l'on s'exprime en faveur d'un moratoire pour les OGM ou les nanos, ou le nucléaire, on nous réplique : vous voulez retourner a la bougie. Vous êtes contre la science (une autre variante consiste à culpabiliser, mais je n'en parle pas ici [vous êtes contre les gaz de schiste ? Alors vous voulez mangé cru?]).
Or il existe, ce que j'appelle des moratoires invisibles. Les budgets distribués pour faire des sciences sont donnés par les industries et les gouvernements. Ces budgets ne sont pas répartis au gré du vent, mais concerne certaines sciences (par exemple les nanos) plutôt que d'autres. Ainsi le discours de « sauvons la recherche » est complètement frauduleux s'il n'éclaire pas les différentes recherches et qui se contente de demander une hausse du budget recherche. Le fait que certaines sciences n'est pas de budget, va les empêcher de faire de la recherche, c'est cela que j'appelle un moratoire invisible. Et au lieu de reprocher a la population de faire des demandes visibles de tous et qui doivent passé devant la justice, pour obtenir un moratoire, on ferait mieux de regarder ces moratoires organisé par les orientations budgétaires.

Enfin, et pour faire rapide (désolé de cette rédaction peu rigoureuse), ces questions même réglée, n'empêche pas le pire. C'est la société, l'organisation sociale en général qu'il faut changer, et pas un petit bout en particulier, qui pourrait donner l'illusion d'une avancé temporaire... pour découvrir plus tard l'actualité d'une récupération de nos combats.

Notes
Pour ceux qui sont intéressés par les aspect épistémologiques de ce sujet, je leur conseille (un des livres du professeur qui a accepté de suivre mon sujet que j'avais fait en 2007 sur les nanotechnologies) :
Anastasios Brenner, Raisons scientifiques et valeurs humaines
Il y a aussi une émission de radio où Anastasios est questionné, mais je trouve que l'animateur n'arrive pas bien a voir la continuité du sujet, et part un peu dans tous les sens.

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