samedi 13 octobre 2012

L'énergie une question d'organisation sociale

J'ai encore écris un article pour "Info & Analyses Libertaire" de la CGA.

PDF, 2 pages A4 : http://www.mediafire.com/view/?nnfmrmk677k3v1r

La question écologique est souvent résumée a la limite des ressources, si cette question fait partie de l’écologie, elle ne peu pas la contenir entièrement, et ne constitue même qu’une petite part de la question énergétique qui est avant tout le résultat d’une organisation sociale (et donc pas stricto-sensu une question écologique).
Les ressources sur Terres sont limités, elles finiront toutes par atteindre un pic après lequel l’extraction sera plus difficile, coûteuse, et a terme non-rentable. Ce phénomène est déjà arrivé pour les hydrocarbures, que l’on voudrait extraire a présent dans les pays qui les consommes malgré les graves destructions environnementale et sanitaire connues, et devrait arriver dans environ 30 ans (au rythme actuel de consommation) pour l’ensemble des autres ressources connues1. Le colosse appareil capitaliste a des pieds d’argile basés essentiellement sur une ressource. Certain-e-s pensent pouvoir éviter ces problèmes grâce a de nouvelles techniques ou de nouvelles extractions. Seulement aucune technique réellement efficace pour remplacer l’extraction et la transformation actuelle de pétrole n’est présenté2, et de même qu’il existe un pic de l’extraction, il existe un pic des découvertes, (en général logiquement antérieur au pic d’extraction) qui est globalement dépassé : les rares nouvelles découvertes ne remplacerons jamais la quantité qu’il était possible d’extraire simultanément jusqu’à aujourd’hui.
Contre les lectures actuelles qui présente la consommation individuelle comme la source du problème et dont la matraque culpabilisatrice se fait plus forte en temps de « crise » (Refuser le gaz de schiste, reviendrait non seulement a vouloir manger cru, mais en plus à refuser du travail sur le territoire !), il s’agit au contraire de montrer que non seulement l’énergie n’est qu’une part de nombreux problèmes, mais qu’en plus elle peut-être résolue en opposant une autre organisation. Organisation locale et sociale, moins énergivore et plus écologique qui ne soit pas celle du repli, de la hiérarchie et de la fermeture mais égalitaire, partageuse et ouverte. Tout comme le patriarcat est loin de disparaître pendant la crise, les problèmes mis a jours par nos connaissances écologiques persistes. L’anarchisme, ne s’oppose pas seulement a l’exploitation économique, mais à l’ensemble des mécanismes d’exploitations, de dépossessions et d’autorité. L’énergie n’est un problème pour nous que parce que nous dépendons d’un appareillage technique spécifique, rendu nécessaire par des modes de vie eux même contraints par cette organisation. Une grande partie de l’énergie produite ne nous arrive jamais, parce qu’elle est consommée par le système lui-même pour son fonctionnement. Ce n’est pas nous qui constituons un problème, mais cet appareillage et ceux qui le dirigent. Ils organisent nos dépendances, notre exploitation, et la destruction des vivants sur Terre. Finissons en avec ce système.

C’est l’organisation sociale qui contraint et organise les dépenses énergétique, à travers les libertés laissées aux individus. C’est sa structure générale, et son urbanisme en particulier (notamment a travers l’organisation de l’espace) qui favorise les transports contraints et les distances qui doivent être parcourues. L’orientation particulière que donne le capitalisme mondialisé entraîne des dépenses énergétique supplémentaire qui se retrouve du panneau publicitaire lumineux et vitrines éclairées de nuit, aux énergies supplémentaires qu’il faut dépenser pour produire plus afin de vendre moins chers (et non par rapport aux besoins défait de leurs aliénations) ou pour des productions genrées et pensée plutôt a usage individuel que collectif, mais aussi pour réparer et entretenir la camelote produite elle-même, qui dans ce cadre est pensée non pour durer, mais comme une étape qui sera dépassée par le prochain produit qui pourra venir s’y substituer.
L’échappatoire promus par une société de « service » qui aurait prétendument moins de pollution (c’est sans compter les déchets électroniques, les transports….) est loin de diminuer le coût énergétique.
Il n’existe pas d’énergie sans pollution, sans destructions. L’extraction des terres rares nécessaire aux éoliennes, ou aux panneaux photovoltaïques est un problème insolvable dont les conséquences sociales3 et écologique4 ne disparaîtrons pas. Et même au-delà de ces questions le traitement des déchets de certaines sources d’énergie va nous poser des questions radicales : comment une société anarchiste pourra a défaut de les produire, gérer les déchets nucléaires présents pour de nombreuses années.
Les principales énergies dites alternatives dans une démarche d’écoblanchiment, sont mis en avant afin de cacher les destructions connues de la majorité des énergies réellement utilisée. Mais il ne faut s’y tromper, les énergies renouvelables sont clairement le futur carburant du capitalisme ou se déploient déjà largement Total et BP. Comme Charbonneau l’avait envisagé : « Le virage écologique ne sera pas le fait d’une opposition très minoritaire, dépourvue de moyens, mais de la bourgeoisie dirigeante, le jour où elle ne pourra faire autrement. Ce seront les divers responsables de la ruine de la terre qui organiseront le sauvetage du peu qui en restera, et qui après l’abondance géreront la pénurie et la survie. Car ceux-là n’ont aucun préjugé, ils ne croient pas lus au développement qu’à l’écologie ; ils ne croient qu’au pouvoir, qui est celui de faire ce qui ne peut être fait autrement.5 » La recherche pour ces énergies se fait non dans un objectif écologique ou social, mais pour celui de la marchandise. Les terres qui aurait pu servir a l’alimentation sont alors utilisé autoritairement pour faire du carburant ou de l’énergie. Au final, une des questions au centre du problème de l’énergie est le possible usage populaire des terres ou l’imposition du renouvelable par les États, Industriels et Institutions internationales.
L’énergie est donc loin de n’être qu’une question technicienne de limite des ressources et pose bien plutôt au premier plan l’usage et la gestion populaire du sol, puis les valeurs avec lesquelles nous allons structurer une organisation sociale, et enfin comment pour ses questions vitales allons nous échapper à la logique oligarchique de l’expertise.
Pour ce dernier problème il est toujours possible de faire des recherche afin d’élaborer ou restaurer des savoirs locaux, faciles à transmettre et a retenir (afin de pouvoir toutes et tous les acquérir et refuser l’exclusion intellectuelle du « secret d’État » [nucléaire] ou d’entreprises [risques dus aux fracturations des sols]), avec des matériaux locaux et renouvelables, le tout dans une organisation fédérée (il y a toujours du soleil de l’eau et du vent mais pas aux même endroits). L’objectif étant que nous puissions construire, réparer et maintenir nous même des dépendances que nous avons choisis, favorisant notre liberté, plutôt que notre asservissement.
Les luttes actuelles contre les hydrocarbures de schistes et les lignes THT, ne constituent que la face visible d’attaques sur le destructeur appareil capitaliste. Il nous reste à trouver comment porter publiquement nos autres arguments.

Florian (Groupe de Montpellier – Un Autre Futur)
Notes
1Pic gazier : entre 2020 et 2030, charbon vers 2025, uranium en 2035, métaux dans 20 a 30 ans.
2Ce scientisme connaît son équivalent en miroir a travers les croyances dans une prétendue énergie libre, extraite de la force de l’univers même, ou une méthode de production qui apporterai plus qu’elle ne coûterai (comme un moteur surnuméraire). Ces croyances aux fondements creux sont en contradiction avec nos savoirs actuels largement vérifié et surtout avec le principe général de l’entropie (second principe de thermodynamique), selon lequel l’énergie transformable ne peut que décroître a terme dans l’univers. La néguentropie que nous pouvons organiser ne peut-être que temporairement et localisé à l’intérieur de l’entropie générale.
3Aussi bien des travailleurs (A travers l’histoire des conditions des mineurs, dont le 16 Août 2012 ou une trentaine de mineurs grévistes on été abattu et une soixantaine de mineurs blessé gravement en Afrique.du Sud. Il en meurt des dizaines chaque année), que des habitants (Indigènes expulsé de leur lieu de vie et d’habitat, qui on le mauvais goût d’habiter sur des ressources minières...).
4Destruction des nappes phréatiques ou/et pollution des rivières et des sols sont la destruction des habitants sous terrains, des milieux aquatiques, mais aussi de tout ceux qui doivent accéder a de l’eau.
5Feu Vert, autocritique du mouvement écologique.

P.S : j'ai remarqué que Jean-Pierre Tertrais dans un récent article pour le Monde Libertaire avait repris ma perspective de changement de l'organisation sociale pour résoudre les problèmes dit écologique (en fait des problèmes révélé par nos connaissances écologiques) que je lui avait exposé a l'occasion des rencontres internationale de l'anarchisme à St-imier. Je suis content de voir que l'idée fait donc ce chemin. Pour être tout a fait juste, il semble que Bookchin l'avait déjà mise en place, mais qu'il lui manquait tout une partie critique sur "l'appareil capitaliste", qui est un peu ma manière a moi de parler d'un équivalent plus ou moins du système technicien. Bref, ça avance.