mercredi 21 novembre 2012

Courage camarades !


Depuis Montpellier, le 14/11/2012.
Cortège unitaire, Alternative Libertaire - Confédération Nationale du Travail - Coordination des Groupes Anarchistes. Nous avions aussi invités des camarades venu d'Espagne (1ère photo).

Habituellement, je parle plutôt des questions que le savoir écologique renouvelle dans l'anarchisme ; et l'on trouve partout sur Internet des analyses exclusivement économique de la crise ; je me permet donc de relayer au passage cet articles des camarades de la CGA du groupe de Paris :

mardi 13 novembre 2012

Transhumanisme - Commentaires rapides sur un monde sans humains

J’avais écris un mémoire (certes fort mal) sur le transhumanisme (le parfaithumanicide) en 2008... à l’époque il n’y avait quasiment rien de critique en français sur le sujet. Je n’avais pu que me confronter au livre propagandiste de Kurzweil (Humanité 2.0), tenant de la transformation des humains en machines immortelles par le transfert de la conscience dans les machines et leurs mises en réseaux. Mon travail eu un effet très local. J’ai fait plein d’interventions et de conférences sur Montpellier, et fort de mon précédent travail sur les nanotechnologies (Éthique etnanotechnologie), j’avais pu faire le lien de l’un a l’autre... et participer a la fin du cycle de publicité technocratique3 organisé par l’État Français sur le sujet des nanotechnologies en participant plus ou moins malgré moi à la petite révolte de la dernière conférence a Marseille4.
Depuis j’ai laissé courir, et n’ai pas reparlé de toutes les nouvelles publications sur le sujet... même quand celles-ci reprenait littéralement mes axes d’attaques5. Il faut dire que le sujet intéresse que épisodiquement, et permet en particulier a des auteurs de se faire mousser sur un sujet devenant a l’occasion à la mode... surtout, jamais personne n’a réagit a ce que j’ai écrit sur le sujet aussi bien les nanotechnologies que le transhumanisme (Bien que mes interventions orales aient toujours plus). Bref, je me suis dit, ce que je me dis toujours un peu intérieurement : tout le monde s’en fou de ce que tu peux écrire, et si c’est pas le cas, matériellement les gens ont d’autres envies. Le sujet était donc clos pour moi. Je ne perdrais pas de temps à tenter d’écrire encore sur ce sujet (déjà que l’écriture n’est pas mon fort, je vois pas pourquoi je me forcerai à travailler pour n’obtenir aucun effet [je ne suis pas idéaliste]).



Cependant dernièrement Arte a diffusé un reportage sur le sujet (Un monde sans humains) et quelques débats sont ressortis ici et là. L’avantage étant que l’on peut facilement trouver ce reportage sur Internet... ce qui veut dire aussi, que les arguments qu’il contient vont être très relayés. D’autant que les gens acceptent d’utiliser leur temps plutôt pour regarder une vidéo (même débile), que pour lire un texte (même si l’auteur a pris plusieurs années, mois, ou jour a élaborée certains de ces angles ou arguments).
Je me suis dit que c’était l’occasion d’en toucher quelques mots. Cependant, je ne perdrai pas mon temps comme les autres fois a faire des citations précises, indiquer des sources etc... craignant qu’au demeurant, je n’ai pas plus de réactions que d’habitude. Bref. Je vais pas me fouler, y compris pour le vocabulaire.

1er problème pratique, la vitesse du support. Comme tous les sceptiques et les critiques des conspirationnistes et du paranormal le constatent, il est très difficile de dire aussi rapidement un argument construit et rationnel face a un discours qui en quelques secondes balancent beaucoup de bêtises (surtout à partir de la deuxième partie ou le transhumanisme rentre vraiment en scène). Je demande au lecteur (s’il existe) de prendre compte de cette difficulté, dans mon commentaire du contenue de la vidéo. Je ne pourrais pas argumenter sur tout les thèmes.

Le cerveau électronique, le vivant qui « calcule ». Dès le début de la vidéo on a droit a « cerveau électronique ». Un amalgame couramment fait dans tous les discours sur le sujet et de faire passer le biologique pour du mécanique, de l’électronique, ou de l’informatique. Le cerveau n’est pas une machine, que ce soit clair. Une machine est inévitablement programmée et se contente d’exécuter. Je réfute non seulement l’idée qu’une machine ou un ordinateur puisse être « intelligent » mais l’idée même qu’il calcule. La machine exécute ce que nous appelons un processus qui permet d’obtenir quelque chose vis-à-vis de ce que nous appelons un calcul. Mais il n’y a que courant et absence de courant dans une machine. Rien de plus. Le reste c’est du programme qui utilise cela. Et le programme est conçu par des humains. C’est eux qui disent ce qu’est la logique booléenne, qui fabrique, sélectionne et monte des composants qui accomplissent ces fonctions que nous attendons. Avant de faire philosophie j’ai fait un BEP électronique et un BAC PRO informatique et réseau. Ça n’a l’air de rien, mais beaucoup de personnes qui programment n’ont jamais touché la partie hardware de leur "bécane" et se contente d’une théorie. Quant aux philosophes ils se réfèrent souvent a des textes comme ceux de Turing, etc... jamais un mot sur le hardware. L’intelligence artificielle c’est du pipot. C’est du commercial pour éviter de parler de système complexe automatisé (c’est sur c’est moins vendeur).
Quant aux être vivants, au cerveau, il ne « calcule » pas. Le calcul est une invention, les mathémathiques sont un ensemble de conventions défini depuis plusieurs siècles a travers différents logiciens, savants et mathématiciens (demandez au premier prof venu a quel point il n'est pas évident de faire comprendre aux enfants à l'école ce qu'est une addition, une soustraction, une multiplication... vous comprendrez que le calcul n'a rien de "naturel" ou de "biologique"). Le cerveau ne fait pas un « calcul », nous calculons, mais pas le cerveau. Après on peut dire, ça y ressemble, ou l’interprété comme du calcul, mais ce n'est pas la même chose.
Le monde virtuel. Le numérique et le virtuel est présenté comme un « sixième continent » auquel on accède par les « outils numériques ». Or le monde virtuel est tout a fait réel et matériel, c’est des câbles, du minerai, des serveurs, des satellites. C’est précisément ce mouvement de déconnexion au réel qui pose problème. Que ça plaise ou non à ceux qui ont choisi de continuer à travailler dans ces domaines, l’informatique, le numérique prend un espace géographique réel, et son économie est très matérielle pour ceux qui en traite les déchets ou en extrait les minerai nécessaires a leurs productions. C’est une rhétorique perpétuelle chez les tenants de la "société des services" ou "numériques" qui permettrait la-libération-de-toutes-et-tous, grâce au partage de l’information etc... que de soudainement faire l’impasse sur les questions matérielles.

Science-fiction et convergence. La propagande de Bill Clinton en faveur des nanotechnologies (il a lancé la nano-initiative), que tout le monde annonce comme « une révolution » (plus ou moins visible), « un changement de la vie », a tendance a soudainement devenir qu’un petit projet quand on le critique. Qu’une recherche dans les sciences qui donnent en fait peu de résultat etc... En nanotechnologies plus qu’ailleurs, la science fiction est aussi bien faite par les chercheurs qui veulent obtenir des budgets, que par les industriels. La « convergence » est le summum de cette publicité. Chacun la tire de son côté. Si classiquement on a la collusion Bits Atome Neurone Gène (BANG ou NBIC), les roboticiens (comme Kurzweil) qui ne veulent pas être oubliés, tire aussi la couverture vers eux et parlent de convergence NGR (Nano, Gènes, Robotique). Loin d’être un processus déterminé, inévitable, comme le présente ceux qui s’en prétendent les acteurs, la convergence est avant tout un moyen d’obtenir un gros budget.

Les prothèses à la rescousse. La médecine et son halo positif, sont vite convoqués pour sauver les gentils transhumanistes, contre les méchants obscurantistes. Présenté comme les aides indispensable a travers des cas tragiques d’aventures humaines. On oublie simplement de dire que les prothèses électroniques contrairement aux prothèses en bois sont contrôlables à distance et aussi « piratable ». Quel ravissement a venir que de pouvoir voir une foule d’humains désireuses d’avoir les compétences attendues pour une technique... devenir marionnette. Bien sur, on pouvait déjà agir sur la volonté des personnes en manipulant, orientant les informations. Mais la, que vous le vouliez ou non, cela ne changera pas grand chose, et même dans ce cas, il s’agit d’une manipulation possible supplémentaire, faudrait il l’accepter pour autant ? Et que peu entraîner cette manipulation ? Votre propre course avec jambes artificielles vers une défenestration ? L’étranglement avec votre main artificielle d’un camarade qui manifeste avec vous et qui venait de s’attaquer a un policier... Bref, une manipulation d’un tout autre ordre que celle de la pensée par les mots.
La même puce qui permet le contrôle de votre santé, permettra de savoir si vous êtes à jour de vos cotisations, et pourra, tout autant qu’elle vous conseille d’aller faire de l’exercice, vous dénoncer à tel ou tel organisme pour le bien de la société, afin que vous vous mettiez a jour de vos cotisations ou impôts.

Augmentation, Amélioration, Perfection. Il traîne différentes perspectives éronnées. D’abord, la confusion entre accumulation et amélioration. Comme si l’un valait l’autre.
Ensuite l’amélioration, comme projet sans fin, ce qui revient à engendrer une frustration constante (pratique pour les commerciaux) : jamais vous n’en aurez assez, il y aura toujours mieux. Vous voyez bien ? Oui, mais lui, il voit encore mieux. Une fois que vous êtes au stade de celui qui était mieux que vous, on vous apprend qu’il y a encore mieux... ça peu continuer longtemps comme ça, surtout ça va permettre de remplir les poches des patrons.
Reste la troisième idée : la perfection. La perfection, oui, mais vis-à-vis de quels critères ? On ne le dit pas. À chaque fois, les transhumanistes parlent non pas de modifications comme il serait neutre de le dire, on jugerai ensuite si c’est bon ou mauvais, mais d’amélioration, ou de perfection. Or de tel qualificatif sont liés a l’idée de « positif ». Comme pour les OGM, qui devait au début être nommé Organismes Génétiquement Améliorés (voir Berlan, la guerre au vivant).
Il est impossible de s’adapter a tout parce qu’il est impossible de prévoir tout, non seulement l’érosion des espèces a venir (qui dépendra des situations qu’on ne connaît pas a l’avance), mais même « simplement » l’économie, on le voit bien depuis 3 ans.
Prenons les parties amélioratives, non accumulable. Évidement tout le monde voudrait « plus d’intelligence », par exemple, mais en l’obtenant comment ? Par des machines fait avec des métaux rares ? Par des cobayes humains génétiquement modifiés, dont il faudra sacrifié une partie a titre d’expérience, et dont ceux qui naîtrons par la suite ne pourrons pas revenir sur leurs modifications si jamais celles-ci s’avairait problématique ? (argument dans l'Eugénisme Libéral, d'Habermas).
Toute une partie du transhumanisme va consister à dévaloriser le corps, à dire qu’il est incompétent, insuffisant, « faillible » qu’il faut être programmé, comme des machines, c’est la honte prométhéenne qui va s’abattre sur tous. La honte de ne pas être comme des machines ! C’est tout de même incroyable, avoir honte de ne pas être libre, de ne pas être ce que nous voulons. Il faudrait que notre idéal ce soit la soumission au système, notre dévouement a son accomplissement.
Une autre tendance sera de dévaloriser la politique, de faire comme si elle n’existait pas et ne pouvais rien faire. Le transhumanisme se présentant alors comme la solution libérale par excellence qui viendra se présenter sous un aspect non-idéologique, alors qu’elle est clairement LE moyen, LA possibilité même de continuer le projet libéral-réellement-existant. Dans ce cadre là, comme William Bainbridge le pense : le transhumanisme ne serait pas un choix, mais une nécessité.


Nous sommes déjà dépendant des techniques. Oui. Il n’est évidement pas question de dire, il faut abandonner toutes techniques (position d'un primitivisme dogmatique à la Zerzan), mais commencer a sortir d’une logique autoritaire des sciences et techniques entièrement organisée autour du critère de la concurrence et de la croissance économique. Actuellement c’est l’État et les entreprises qui organisent des moratoires invisibles en donnant des budgets pour la recherche à certains projets et pas à d’autres. Il est temps de choisir, de se poser les questions politiques de nos outils techniques.
Qu’elles sont nos dépendances ? Les découvrir, choisir celles qui sont favorables a notre émancipation et les entretenir. Dans cette perspective, les techniques comme celles que promeuvent le transhumanisme, loin de nous émanciper, nous rendrons clairement dépendant-e-s a des terres rares, a des industries et des expertises qu’un petit groupe de personnes avec peu de moyen ne pourra pas maîtriser. C’est déjà un problème actuellement, pourquoi faudrait-il continuer dans cette catastrophe ?

3Même Bernadette Bensaude Vincent, dans un article, partage cet avis.
4C’était assez rocambolesque. J’y était allé dans le cadre de la proto-formation de Péquenot-Science avec un accolyte. Nous ne savions pas ce que nous allions voir. Arrivé sur place, je vois peu de monde, mais sagement assis a écouté la présentation, même si on sentait une vive tension dans la salle, et que j’y ai reconnu des amis de passages (Bertrand Louart, Catherine Terral). Durant mon une intervention (pour dire que tout as été décidé et que le grenelle de l’environnement présenté en exemple avait justement évincé certaines questions comme le nucléaire), dans la salle plusieurs dizaines de personnes se lèvent, jètent des boules de papiers, siffle, déploient une banderole, fond du bruit. Bref, je découvre qu’il y avait un groupe qui avait visiblement prévus lui aussi d’intervenir.
5Comme le livre de Besnier dans Demain les posthumains. Le futur a-t-il encore besoin de nous ? qui reprend la critique de Gunther Anders de l’obsolescence de l’homme, notamment sur la honte prométhéenne.... ce que j’avais déjà fait plus d’un an avant.