samedi 20 avril 2013

Des scientifiques sans responsabilités





Je suis toujours étonné de la naïveté des scientifiques et de ses défenseurs vis-a-vis des questions politiques. Parfois je me demande dans quelle mesure cela pourrait relever d’une stratégie visant a se maintenir propre, tout en participants ou validant certaines politiques (une tactique que l’extrême droite, elle, exploite clairement).
Par ce billet je n’entends pas pour autant défendre ce projet de « science citoyenne » (et c’est quoi un citoyen si ce n’est un participant au nationalisme du pays ou il se trouve, c’est-à-dire en fait un idiot de patriote) dont j’ignore tout par ailleurs, mais bien critiquer une soit-disante innocence de scientifique et d’une science « neutre ».

Par exemple, récement L’AFIS et le blog sham and science1 montre respectivement leur agressivité ou leur inquiétude vis-à-vis des sciences dites « citoyennes », et s’emporte contre la possible participation (jusque la rien n’est fait) d’associations effectivement militante comme les faucheurs volontaires (qui n’ont effectivement rien avoir avec la science).
Bien.
Une position qui fait l’impasse sur les budgets donnés aux scientifiques par l'armée, un gouvernement ou une entreprise spécifique. C’est pourtant le quotidien des chercheurs, qui ne rechigne pas parfois a gonflé les perspectives applicatives aux quelles pourraient mener leur recherche pour obtenir un budget.
Par ailleurs, pas un mot non plus sur les brevets. Les brevets sont souvent confondu par des scientifiques, avec leur salaire, ou le fait qu’il est le droit d’accéder a de quoi se nourrir, se loger, s’amuser. Tout comme certains artistes confonde ceci avec la propriété intellectuelle.
Dans le cadre de la concurrence monopolitisque (la concurrence libre et non faussée est une illusion) du capitalisme mondialisé, les scientifiques sont amenés à être les militant-e-s non plus de la science, mais de la science de leur pays, ou de leurs labos ou entreprises.
Les politiciens l’ont bien compris, et si sous certains aspects on peu témoigner d’une dimunition de budget de la recherche... certains domaines sont encore largement rétribué, en nanotechnologies (armée, sécurité), ou neuroscience (notamment pour le neuromarketing). Des chercheurs l’ont compris puisqu’ils savent que certains mots doivent apparaître dans leur projets de recherches. Mot qui sont bien vu, comme écologie, santé, développement durable. On peu aussi faire passer une recherche qui relève du micro, pour de la nano etc...

J’avais de mon côté, et cela dès mon premier travail d’éthique et philosophie des science sur les nanotechnologies, critiqué les scientifiques qui acceptent de travailler dans ce domaine, en rappelant le courage qu’il avait fallut a certains. Comme Alexander Grothendieck, qui quitta la recherche quand il vit que son activité permettait de justifier l’armée. Alors même qu’il travaille dans un domaine toujours présenté comme « fondamental » (c’est-à-dire loin des applications) : les mathématiques.
J’écrivais donc (2007) :
« Grothendieck est mathématicien, il a obtenu la médaille Fields 1966, [...] il « renonça à toute recherche lorsqu'il s'aperçut en 1970 que l'IHES (Institut des Hautes Etudes Scientifiques) où il travaillait depuis dix ans recevait des subventions du ministère de la Défense2»
Il fondera « Survivre et vivre » dans le but de propager ses idées antimilitaristes et écologistes rejoignant l'engagement de son père, militant anarchiste tué par les nazis.
En 1988, il refuse le Prix Crafoord et ses 270 000 dollars car son salaire de professeur et sa retraite lui suffisse, que la surabondance des uns se fait aux dépens du nécessaire des autres et enfin parce que « Dans les deux décennies écoulées, l'éthique du métier scientifique s'est dégradée3
D'autres scientifiques ont inventés des lieux de recherches indépendants. Comme la Comission de Recherche et d'Information Indépendante sur la RADioactivité (CRIIRAD), créée en 1986 en réaction à l'accident nucléaire de Tchernobyl. Ou encore le CRII-REM (sur les rayonnements électromagnétiques), le CRII-GEN (sur le génie génétique), l'ITAB (Institut technique de l'agriculture bilogique), le LAMS (Laboratoire d'analyse microbiologique des sols), l'ACRO (Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l'Ouest)4. »

Cette soi-disante neutralité des scientifiques, qu’il faudrait bien distinguer des applications est récurrente. C’est pourquoi je me propose aussi de relayer un texte de Jacques Testart5 et un autre de Jean-Jacques Salomon6 sur le sujet de la responsabilité sociale des scientifiques.
Testart, démonte d’abord l’adulation culturelle du scientifique et propose de son côté (pas dans ce texte, mais dans ses autres livres), un tirage au sort de personnes formées sur le sujet par des experts différents, et qui puisse ensuite donner leur avis.
Salomon met en place une définition bien différentes de ce que serait une science citoyenne : ce serait avant tout des scientifiques qui ont conscience de leur responsabilité sociale… une perspective bien différente de celle qui tente de pallier l’absence de conscience de scientifiques en les alliant avec des associations qui les relaierai.
À travers un angle interne a la science (Testart) ou sociologique (Salomon), ils mettent en relief le changement social qui entoure les chercheurs qui alors qu’ils prétendent avoir toujours les mêmes motivations de recherche pour la recherche, on des rôles et des responsabilités bien supérieure, faisant de leur travail une importance capitale dans les changements sociaux. Il met aussi en avant, la difficulté de sortir de ce problème.





2P.M.O Nanotechnologies, Maxiservitude.
3Le Monde, 4 mai 1988, Le mathématicien français Alexandre Grothendieck refuse le prix Crafoord. Je joins aussi deux textes d'Alexandre Grothendieck.
4On trouvera plus d'informations dans la revue S!lence n°343, Février 2007.