mercredi 31 décembre 2014

OVNI et Scepticisme

Suite a la préparation éventuelle d'une vidéo sur le sujet pour la chaîne Youtube La Tronche en Biais, j'ai écris un petit texte sur le sujet dans la ligné sceptique dans laquelle je m'inscris de plus en plus. Je préciserai prochainement ce qu'est le scepticisme en montrant son évolution a partir de l'histoire de la philosophie. Pour le résumé simplement ici, je m'inscrit dans un scepticisme rigoureux, probabiliste, qui n'est pas un nihilisme rhétorique, style postmoderne niant l'existence du réel ou d'une vérité dont on pourrait s'approcher, mais qui adhère a l'idée que certaines propositions sont plus probables que d'autres, et cela pour diverses raisons, d'expérimentations, de recoupements etc.

Accepter les limites humaines, s’ouvrir a l’ensemble des hypothèses, discerner leur probabilité.
Que l’on retienne la qualification d’OVNI ou de PAN, il peut être intéressant d’avoir l’ouverture des phénomènes retenus comme le propose Éric Déguillaume : « la perception alléguée et rapportée d’un phénomène aérien, volant, paraissant voler, ou semblant susceptible de le faire, dont la nature n’a pu être défini, même vaguement par le témoin, ou dont l’identification rapportée va à l’encontre de nos connaissances actuelles.1 »

1. Si vous êtes l’auteur du témoignage, ne mentez pas volontairement (votre existence sera t’elle plus glorieuse si elle est dû a un mensonge ?), tout en ne niant pas ce que vous avez vu, reconnaître que chacun à ses limites.
Un témoignage à ses limites dut a nos capacités de perceptions, avoir 10/10 est mieux que 9/10 mais 10/10 n’est pas une perception infini. La vision d’un policier au sol regardant le ciel, ne fait pas plus autorité que celle du 1er venu (en dehors des outils de perceptions). Celle d’un pilote ou d’un expert de ce genre peu aussi être faites dans de mauvaises conditions qui laisse plus de place a son imagination que la réduction de cette dernière par l’obervation sans obstacles. Par ailleurs, les experts ont-ils toujours raisons ? Leurs motivations doivent-elles toujours êtres considérés comme neutres ?
Chacun de nous est influençable, nous voyons plus promptement quelque chose que nous avons été préparé-e-s a voir (influence de la SF, formes attendues comme soucoupe, triangle, cigare...), et il peut-être plus attirant de tirer une perception vers l’extraordinaire que vers l’ordinaire.
Parfois une multiplication de témoignange n’est pas forcément du a de multiple témoins, mais à une reprise médiatisée d’une observation (on peux parler d’amplification psycho-sociale). Toutefois la notoriété sur ces affaires peut-être à double tranchant (mais cela peut dépendre de vers ou se trouve nos amis).
L’appui d’un phénomène par le nombre n’a pas beaucoup de valeur (ceux que les tenants appellent « preuve sociale », et les sceptiques « effet barnum »). Que beaucoup voient un avion ne rend pas le phénomène extraordinaire. D’autant plus si on multiplie les cas douteux. Il vaut mieux un seul cas très probant.
2. Évacuer la liaison automatique aux Extraterrestres ou l’appareil militaire top secret. Restez sur ce qui a été observé, n’anticipez pas des causes, qui par ailleurs pourrait vous discréditer (aussi bien pour des tenants que pour des sceptiques). En même temps ne niez pas l’observation, au contraire tenez vous-y.
Envisagez toutes les possibilités, pas que celle qui vous plaît. Connaître les méprises courantes : nuages suggestifs, méprise sur la Lune ou la planète Vénus, satellites, ballon sonde, drones, lanternes thaïlandaises, foudre en boule… Sans pour autant si vous recueillez un témoignage l’influencer en lui faisant des suggestions (un cercle n’est pas un disque, qui n’est pas une sphère, qui n’est pas une boule ; trois point lumineux ne sont pas automatiquement un même engin triangulaire), il est d’autant plus facile d’induire de faux souvenir a des témoins fragilisés par une expérience qu’ils ne s’expliquent pas. Le mieux étant de passer par une médiatisation (question papier) et un enregistrement de votre recueil lui-même. Ne vous appuyez pas trop vite sur des signatures technique enregistré, les appareils aussi on leurs défaillances et produisent leur artefacts (orbes du a des poussières, insectes sur l’objectif, oiseaux flous, zoom entraînant des losanges).
3. Sachez discerner l’improbable, le peu probable, le probable, le très probable. L’hypothèse extraterrestre est la plus improbable pour de nombreuses raisons, d’une part l’absence de preuve de leur existence, d’autres part les distances qu’il faudrait parcourir. Il ne s’agit pas de dire que c’est impossible, c’est une question de probabilité. Dites-vous quelque soit ce que vous êtes persuadé que pour une affirmation extraordinaire, il faudra des preuves extraordinaires. L’engin militaire est plus probable, bien que très improbable. La discrétion étant recherché pourquoi faire tout ceci de manière visible ? Si ce qui a été vu était très perturbant, il y a de forte chance (mais ce n’est pas automatique) qu’il faille abandonner la réduction de l’observation a une seule explication (réduction unitaire) pour envisager une approche réductionniste composite, c’est-à-dire qui soit le fait du croisement de plusieurs phénomènes (ambiance, météo, réglage des appareils etc.).
4. Enfin ne confondez pas « inexpliqué » avec inexplicable, ou encore avec « paranormal-de-fait ».

Cas 1. Eric Maillot a relevé cet intéressant cas de méprise2 :
« 28.10.1979 23.30HL SURVILLE Départementale 133. Source : LDLN n° 263 p. 39
Un couple circule sur la D133. Ils aperçoivent une clarté, vers le sud, derrière le bois. Puis une boule couleur feu (ou ovale rouge orange), d'une taille angulaire de 1°30, monte verticalement et lentement pour venir s'approcher à 100 m du véhicule et le suivre en produisant des effets induits : le transistor grésille, les phares baissent d'intensité, le moteur ralentit et l'auto passe de 120 km/h à 50 km/h. La boule cesse sa poursuite et disparaît en montant. Le véhicule fonction à nouveau correctement.
 »

De quoi s’agit-il ? De la « Lune au PQ, Az° = 240 et h° = 3 au coucher. Voilà l'origine du récit. Le relief local de la route aidant, la Lune monte au lieu de descendre par simple illusion visuelle.
Ce n'est pas le moteur qui ralentit mais le pied du chauffeur qui se lève de l'accélérateur par réflexe.
L'éclairage des phares ne baisse peut-être pas mais paraît moins puissant à cause du clair de Lune en sortie du bois ; ou peut-être baisse-t-il vraiment mais à cause de la forte baisse du régime moteur (et d'une batterie faible ne prenant que peu le relai de l'alternateur).
Il n'est bien évidemment pas précisé dans le récit si la Lune fut observée par le couple "suivi".
 »

Cas 2. Nab Lator a trouvé et traduit3 une confusion d’un pilote qui croit voir un OVNI, alors qu’il s’agit de Vénus !
« "Que diriez-vous si un pilote expérimenté de l'Air Force, s'y connaissant en astronomie, vous dit que lors d'un vol militaire, il a vu une lumière étrange se déplaçant loin au dessus et devant lui, volant à une vitesse et une altitude impossibles, "faisant ce qu'aucun aéronef ne peut faire" ?

Vous seriez impressionné, parce que c'est un gars qui sait de quoi il parle. Avec le témoignage d'un expert comme celui-là, vous pourriez être convaincu que les ET sont ici.

Mais vous auriez tort.

C'était Vénus ! Je voyais Vénus,” a admis Steve Lunquist, l'ex pilote de l'USAF dont il est question, qui était l'un des 11 conférenciers au SkeptiCamp 2012. [...] »

Je cherche un cas de confusion photographique (pas un truc grossier, un truc assez fin et involontaire).


Cas 4. Une photo d’hélicoptère sortie de son contexte peu facilement devenir un impressionnant OVNI :


Pour aller plus loin :
Vidéo en anglais (mais accessible) : Influence de la culture sur les observations d'OVNI. http://youtu.be/q94nKzhwNRs?list=UUvWAD9Qt20rqEVjL0Q1kZbA
Le texte en français de cette conférence : https://www.academia.edu/8686518/L_influence_de_la_culture_sur_les_observations_dOVNI
 Audio en français : Sur le site scepticisme scientifiques, des discussions sur le thème de l'ufologie d'un point de vue sceptique. http://pangolia.com/blog/?cat=8


Notes
1La Zététique appliquée à l’ufologie, Éric Déguillaume. Art. Non daté, postérieur a « fin 2008 ». http://www.zetetique.fr/index.php/dossiers/288-zetetique-ufologie
3http://ufo-scepticisme.forumactif.com/t3134-encore-un-pilote-qui-se-meprend-avec-venus ; l’article original : The [Nashua] Telegraph, 29 octobre 2012, http://www.nashuatelegraph.com/news/981389-469/keep-an-open-mind-but-not-so.html

dimanche 14 décembre 2014

Sur « La reproduction artificielle de l’humain » de « Alexis Escudero »

Version PDF (3 pages A4) : http://www.mediafire.com/view/1zyqx1lf3bal7uu/alexis_escudero_resume_des_griefs.pdf

Impasse sur le rapport de force asymétrique du patriarcat. Entraînent diverses conséquences dont une ignorance de la situation des personnes trans (victime de l’eugénisme que l’auteur pense par ailleurs dénoncer1), un tribunal des féminismes depuis une position d’homme qui ne questionne pas sa propre position, une réduction des demandeurs de PMA a une jérémiade d’une bourgeoisie stérile, et un fantasme de la puissance des mouvements LGBT2. Il ne laisse apparaître aucune compassion sur les difficultés de ces personnes3, et s’il évoque les conditions d’un prolétariat féminin en Inde, cela apparaît avant tout pour culpabiliser « la gauche » sur sa position « PRO-PMA » (tout en faisant de leurs conditions de travail inquiétante une généralisation inévitable sur cette technique).

Participation a une logique confusionniste. En n’hésitant pas comme PMO à conseiller des auteurs de Droite sans plus de précaution tant qu’ils critiquent les techniques4. En affirmant que la gauche se bat pour « la marchandisation du vivant.5 » alors que les critiques apparaissent dès le séquençage de l’ADN humain6, en réduisant cette dernière a la classe dirigeante et ses lieutenants7, en affichant une tendance malthusienne ambigu8, en pointant un famillialisme positif alors qu’elle est un lieu des premiers lieu de violence9. Il rejoint une croyance a la mode selon laquelle le libéralisme est un progressisme (donc de gauche) alors qu’il est un objectivisme (c’est-à-dire que s’il donne l’impression de rejoindre des positions progressistes ce n’est qu’a conditions qu’il les transforme en vecteur de la marchandise).

Hiérarchisation ou autoritarisme des luttes. L’auteur oppose différentes luttes les unes aux autres (écologie et PMA notamment10), et distinguent des luttes dignes11. Il croit (indiqué en conférence-débat) que sans lui et son angle polémique, personne ne débattrai aujourd’hui du sujet (justifiant ainsi la logique publicitaire, selon laquelle il n’y a pas de « mauvaise publicité » tant qu’on parle du sujet12), et qu’une hiérarchisation personnelle des luttes, justifie qu’il puisse indiquer politiquement (c’est-à-dire autoritairement) qu’elle devrait être cette hiérarchie aux autres13. Par ailleurs il pense vraiment que la lutte contre la technique est plus importante (argument : elle serait plus difficile) que d’autres luttes.
Enfin, il relaie un catastrophisme en extrapolant les pratiques de certains pays dans certaines entreprises (ou la PMA est traité comme une marchandise et permet l’eugénisme) à l’ensemble des autres pratiques14. C’est confondre le possible et le nécessaire15.

Le capitalisme, science, techniques et émancipation. La science peut-être entendue sous différents sens et pas seulement celui de la production industrielle capitaliste. Aujourd’hui les volontés capitalistes, dirigent de grand groupes industriels et enrôles des scientifiques dans leur développement. Escudéro semble opposé de manière manichéenne, comme une grande part du mouvement « anti-industriel » d’un côté l’industrie et de l’autre l’artisanat. Mais ce n’est pas automatique.
La science est une démarche qui ne requiert pas systématiquement des rapports d’autorité (sauf celui de la reconnaissance de la vérité), et son expertise peut-être mise au service d’autres idées pour peu qu’elle soit repensée radicalement. De même qu’il peut exister une sorte de science du trafic routier… qui ne sert que ceux qui ont une voiture, il n’est pas exclu que puisse exister une science du trafic cycliste qui serai aussi utile a ceux qui utilisent des vélos. Il ne s’agit pas de rejouer la science prolétarienne ou l’une serai vrai, et l’autre fausse. Les deux vérité sont juste, c’est qu’il y en a une qui est utile a certains, et une autre a d’autres. C’est une question d’orientation de la recherche.
L’artisanat ne doit pas être idéalisé, les patrons qui y agissent ont encore le même pouvoir qu’ailleurs.
Une coopérative de travailleurs, produisant artisanalement ou industriellement pose t’elle problème a partir du moment ou elle répond aux besoins de la population humaine et prendrai soins de l’ensemble des vivants et de leurs conditions de vie ? Sur la question d’une boussole permettant de faire le tri entre les bonnes techniques et les mauvaises, en conférence, l’auteur évoque Ivan Illich et sa théorie des seuils  (repris aujourd’hui par Jean Pierre Dupuy) : passé un certains seuils une technique finie par se retourner contre son usage d’origine : la médecine rend malade, la voiture nous fait ralentir, l’éducation abêtit etc. Un des mécanismes pointé est le monopole radical : les techniques hétéronomes (celles issus d’une institution, d’une hiérarchie) finissent par empêcher l’autonomie des individus. Le problème c’est que cette critique de la technique est de type culturelle et non politique (Illich est plus un chrétien qu’un politicien). D’autres outils pour critiquer, faire le tri, existe, en termes de critères (et l’auteur ne semble même pas les connaître), il suffit de se poser les bonnes questions, quand elles ne sont pas imposées de manière autoritaire et ne pose pas de problèmes sanitaire, et que les conséquences ont été choisis par ceux qui les vivrons : es-ce que cela peut-être produit, réparé et entretenu sur place ? (avec les matériaux et savoir-faire s locaux) Ces connaissances sont-elle facile d’accès ? Combien de temps dure ces matériaux ? Sont-ils renouvelables ? Etc. Le problème n’est pas tant une recherche « d’autonomie » ou « d’émancipation » etc. qui sont souvent des mots ceux, mais plutôt quelle dépendance accepte t’ont ? Et pour bien les choisir, les identifier et connaître leurs effets16.
Les rapports informels ne sont pas non plus la panacée, la possibilité de se « féconder » par le moyen du « pot de yaourt » par exemple est non seulement illégale, mais permet actuellement encore la réclamation par un père d’un enfant d’un couple homoparental. Rappelons aussi l’aspect gênant ; les situations délicates, voire humiliantes ou dangereuses que cela peut entraîner pour des femmes cherchant un donneur dans leur « entourage ». L’expertise que l’auteur semble vouloir éviter n’est pas mobilisée qu’a travers la science, mais aussi la justice17.
En critiquant quelques techniques mise a son service par le capitalisme, l’auteur critique les conséquences mais non le mouvement d’ensemble18. Il ne faut pas nier toutefois certains aboutissements logiques intrinsèquement capitalistes comme l’idéologie du transhumanisme et la production de nanotechnologie (à l’heure actuelle). Mais même dans ces cas, il faut voir ou se situe le rapport de force, et savoir distinguer la classe dirigeante, les patrons, les actionnaires, des opprimés, des précaires et de ceux qui essayent de survivre aux difficultés que leur oppose la maladie et les accidents.


Je voudrais remercier en particulier Aude Vidal, dont les réflexions sur les conditions des femmes m’ont largement appris sur les difficultés du sujet.

Notes
1La stérilisation est encore nécessaire en France et ailleurs pour pouvoir changer de sexe social. Dans de nombreux pays être trans est considéré comme une maladie mentale.
2 L’idée d’un lobby LGBT capable « d’imposer » l’extension du droit à la PMA  (Chap. 1 : « des collectifs et associations LGBT (Lesbiennes, gays, bi et trans) imposent dans le brouhaha l’extension du droit à la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de lesbiennes. »). Pour se faire une idée de la « puissance » de ces groupes… en 30 ans :
_l’obtention d’un PACS qui n’a jamais répondu aux aspirations des homosexuels et qui est destiné à l’ensemble de la population,
_Une loi contre la discrimination,
_Un espoir d’égalité, avec l’ouverture du mariage et de l’adoption pour les couples de même sexe qui devait voir le jour au premier semestre 2013… et qui est encore remis en cause fin 2014.
Ils ont tout de même certains représentants associatifs demandés lors d’établissement de législations, mais leur avis est strictement indicatif. Concernant la médiatisation : les voix religieuses sont automatiquement représentées dans les comité de bio-éthique, là ou celle des LGBT ne l’est pas.
Enfin concernant cette idée de puissance, il faut aussi rappeler que c’est souvent plutôt le bénévolat qui caractérise ces associations, plutôt qu’une manne financière d’une commune, département, région etc. Un critère tout de même essentiel pour pouvoir parler de « lobby » qui serait comparable a ceux des grosses industrie du tabac par exemple.
3Notamment vis-a-vis des femmes qui auraient des problèmes de fertilité et qui auraient besoin d’assistances médicales spécifiques. Il présuppose entre autre, que des femmes recourent a la PMA… parcequ’il y aurai un manque de partenaires disponible : « Plutôt que de s’inquiéter du déficit de naissances masculines, elle préfère réclamer le droit pour les femmes célibataires de recourir à la PMA. Un moyen commode de combler le manque de partenaires disponibles. »
4Hervé le Meur indiqué comme auteur a débattre sur la PMA, sans plus de précaution, si ce n’est sur la question de nature, est clairement de droite.
5« Comme vous le savez, un tel centre de promotion de la reproduction artificielle de l’humain n’existerait pas sans le soutien de nos partenaires et bienfaiteurs. Vous trouverez en sortant sur votre droite une petite boîte destinée à recueillir vos dons. Ils seront intégralement reversés à des organisations progressistes, toutes tendances confondues, en remerciement de leur combat pour la marchandisation du vivant. Un combat qui a rendu possible années après années, la mise en place d’un véritable marché de l’enfant. Merci de votre soutien. »
6Aujourd’hui cette critique est dépassée puisque au-delà on trouve aujourd’hui la brevetage d’atomes. Avec un enjeu concurrentiel entre les entreprises pour trouver les atomes clefs qui servirai au plus grand nombre de combinaisons nanotechnologique dont les entreprises pourrait tirer profit. Sur ces critiques ETC Group est en avance depuis des années.
7Une citation d’un multimillionaire au PS et co-propriétaire du Monde, une ministre du PS, un éthicien qui n’a jamais caché son libéralisme ? C’est donc ça la gauche ? Ce dernier évidemment parle du travailleur comme quelqu’un qui « loue » ses bras et ce serait une bonne chose. Autrement dit, il n’est même pas d’accord avec Marx qui parle dans ce cas déjà d’exploitation. Peut-on donc le qualifier de gauche ? En fait les gens qu’ils citent comme étant de gauche partage son illusion selon laquelle PMA = marchandisation.
8L’idée d’une surpopulation opposée a l’idée d’enfanter apparaît au chapitre 4. L’auteur ne fait pas de distinctions entre les pays, les revenus et donc au final l’impact des familles qui serait concerné. Le problème n’est pas tant de dire que la surpopulation va créer des problèmes (oui il y en aura), mais de le faire sans discernement. Un enfant né aux États-Unis aura une consommation estimée a 4 planètes, un autre né au Kénya aura une consommation estimé a 1/2 planète. La critique non informée revient en général a discriminer ceux qui font le plus d’enfants, alors que ce ne sont pas ceux qui consomment le plus. Par ailleurs, avant de faire une critique de la surpopulation (qui en général fait tomber la culpabilité sur « l’éducation des femmes » dans les programmes de développement) il serait peut-être pertinent de questionner le système lui-même, son urbanisme, et sa production qui favorise un type de consommation.
9Une tendance très claire chez les nouveaux conservateurs (Michéa cité au chapitre 4, pour qui la famille serait un des derniers lieux de résistance a la logique marchande). Rappelons qu’il n'est pas du tout inscrit dans le libéralisme que les enfants ne doivent pas travailler, ou que les femmes doivent être aussi libres que les hommes. Si cela pousse dans ce sens « chez nous », c'est parce qu'il y a eu des luttes, et qu'il a du s'adapter. Mais si l'on regarde un temps soit peu à l'échelle du monde, on voit très bien que le libéralisme-réellement-existant se satisfait tout autant d'autres situations. Par ailleurs si l’on réduit les violences aux questions marchandes (par un angle marxiste) on ne voit pas d’autres types de violence pourtant présentent dans les familles. Par ex. les viols on plus souvent lieu dans l’entourage proche et non dans un parking sombre avec un inconnu. Ou encore en Inde les femmes subissent des violences certes non-marchandes, mais bien réelles sur les exigences portées sur elles (quand elles ne sont pas éliminées dès la naissance).
10« On peut réclamer la PMA et militer en faveur de la reproduction artificielle de l’humain ou se battre contre l’industrie qui stérilise la population. Je choisis chaque fois la seconde option. Je ne suis pas extrémiste : je suis radical. »
11À la radio, (Terre a Terre sur France Culture) il dira qu’il y a des luttes dignes comme la faim dans le monde, l’accès a l’eau potable etc. mais pas le combat pour l’accés a la PMA.
12Ou encore, la logique de beaucoup de chercheurs en nanotechnologies : notre recherche est intéressante car elle ouvre de nouvelles questions, de nouveaux imaginaires, participe au savoir etc.
13Malheureusement c’est une habitude classique en écologie. Sous couvert d’approche holistique mettant tout le monde dans le même bateau, soudainement tout comme avec la religion, les disparités de classes, et de responsabilités sont évacués pour uniformiser le questionnement à « l’espèce humaine ». La tendance réactionnaire est particulièrement claire avec le petit texte « La nef des fous » de Theodore J. Kaczynski (Unabomber, justifie la violence politique par l’usage de colis piégés contre des informaticiens et des scientifiques, sera emprisonné après que son frère est reconnu sa prose et ainsi pu indiquer la cabane ou il vivait reclus) qui ridiculisait déjà a sa manière l’émancipation des homosexuels « à sucer des bites » pendant qu’il faudrait plutôt se soucier d’empêcher le vaisseau collectif de foncer dans l’âbime en coupant les machines.
14Mais encore, si l’on appliquait cette logique jusqu’au bout, il faudrait interdire le don d’organe, puisque ailleurs les organes sont des marchandises. Rappelons qu’il n’y a pas que la PMA qui permet le type de tri que crains l’auteur, l’amniosynthèse le permet aussi.
15«  La PMA [,..], pratiquée en laboratoire, soumet les couples à l’expertise médicale, transforme la procréation en marchandise, place les embryons sous la coupe du biologiste et entraîne leur sélection : l’eugénisme. C’est la PMA que réclame la gauche et la mouvance LGBT. »
Au chapitre 3 pour faire peur : « Ce qu’on fait aux animaux, on le fait aux humains. » Nous n’avons pas encore vu une industrie permettant de manger les humains, d’élevage en ferme pour leur lait etc.
16J’ai fait ces propositions et réflexion dans mes mémoires de philosophie sur les nanotechnologies (2007) et le transhumanisme (2008).
17La question se repose d’ailleurs avec l’adoption que l’auteur voudrait faciliter. « Pourquoi les militants de gauche demandent-ils le droit pour les lesbiennes de recourir à la PMA plutôt qu'à l'adoption ? » (p.195). J’ai lu cette remarque, je crois de Aude V. : « Les enfants adoptables sont très peu nombreux en France et à l’étranger la pratique est problématique (déracinement et néo-colonialisme, pour ne rien dire de la discrimination des couples homo dans les pays concernés) ». Et à ce jour on ne peut pas adopter sans se soumettre a une expertise.

18Comme si on voulait non pas critiquer, mais interdire, le Bio parce que la grande distribution en propose, alors que le capitalisme ne voit dans le Bio qu’une opportunité parmi d’autres de récupérer et diversifier sa marchandise.

De même PMO publie sur internet et dans un texte dont il est co-signataire ils n’hésitent pas a terminer en indiquant « brisons les machines », or Internet permet le contrôle et la propriété intellectuelle !

mardi 25 novembre 2014

Notes sur "S’aider soi-même" de Lucien Auger


Notes sur « S’aider soi-même ; Une psychothérapie par la raison » de Lucien Auger. Les éditions de l’homme. [1974] 2004.

J’espère que ces quelques notes servirons utilement et éviterons a certain-e-s de faire la même erreur que moi. A savoir attendre des conséquences physiques désastreuses (palpitation cardiaque a minima, sensation de mort imminente1) pour s’intéresser a des questions psychologiques. J’avais antérieurement résisté à aller voir un psy, de part le flou qui il y a sur cette discipline et la non-scientificité de la psychanalyse. Et aussi l’envie d’éviter de dépenser des sous inutilement dans les charlatans du développement personnels, ou autres coach (et de toute façon, je n’ai pas cet argent…). Par ailleurs, je me disais : tes problèmes sont matériels, tu va voir un psy, il va te dire quoi ? « ben en fait vous n’allez pas bien, c’est vrai, voila, ça fera 28 euros »(hypothèse basse). Bref. Je suis resté avec mes problèmes trop longtemps. Ne faite pas la même erreur.
Il y a 3 bons conseils de livres que l’on peut faire : Lucien Auger, « s’aider soi-même », le plus accessible, rapide, au panorama large qui permettra de se sortir soi-même de difficulté actuelles (c’est celui dont je vais traité ici). Pour celles et ceux qui voudrait creuser plus la question, tout en restant accessible : Christophe André, « Imparfait, libres et heureux2 », et pour les érudits précis : Jacques Van Rillaer. « La nouvelle gestion de soi ».

Globalement c’est un livre très accessible qui non seulement se lit rapidement mais a des aspects pratiques assez fulgurant. La thèse générale basée sur des expériences scientifiques, est d’accepter que la raison puisse, même qu’un minimum, agir sur nos émotions et nous permettre non de les nier, mais de ne pas les exagérer, d’éviter leur envahissement, de plutôt leur laisser une juste place. En cela on peu voir une certaine lignée affichée avec le Stoïcisme3. La justification morale de fond, soutient le fait que chaque humain à sa propre valeur qui ne peut-être nié ou le fruit d’un jugement par un autre4.
Le premier chapitre peut laisser un certain froid5 pour les personnes qui identifie clairement leur problème a des causes « extérieure » comme l’absence de revenu, d’amis, ou encore la perte d’un être chers. Cependant, on découvre par la suite que l’enjeu n’est pas de nier ces difficultés, mais d’obtenir un pouvoir supplémentaire : le pouvoir sur ce que l’on pense de soi. Un pouvoir qui plus est que l’on peu obtenir et gérer soi-même sans dépendances supplémentaire si on l’intègre bien (l’exact inverse d’un certain élitisme de la psychanalyse).
Car et cela peut étonner, l’objectif du livre n’est pas de convaincre d’aller voir un psy pour vous faire soigner, mais en quelque sorte d’être vous-même dans la mesure du possible votre psy. Loin de l’idée de vous « culpabiliser » ou de vous enfermer dans des catégories négatives, il s’agit de repérer les pensées négatives que l’on a sur soi-même et qui sont « irréalistes ». Pourquoi « irréaliste » et pas simplement « fausse » ? Parce qu’il ne faut pas nier nos difficultés, faire « comme si » tout allait bien, nier une crise d’angoisse etc. Il faut accepter ce que l’on ressent, mais surtout ne pas en « exagérer » (bien involontairement, c’est bien là le problème) l’ampleur et les conséquences.
Concrètement il peut vous arriver de mauvaise choses, et c’est notre droit légitime de ne pas les apprécier, d’en être triste (il ne s’agit pas de nier toute émotion), mais il faut faire attention à ne pas rajouter a cette dépréciation de la chose, une dépréciation sur nous même ou des sentiments inutiles car sans effets par ailleurs sur la chose qui nous déplaît. Pour les pratiquants de la CNV (Communication Non Violente), c’est comme se l’appliquer a soi-même et ça peut-être assez jubilatoire (surtout quand on a tendance a se détruire beaucoup et qu’on découvre que l’on a une partie de la solution entre ses mains).
Évidemment ce pouvoir a ses limites, et ne permet pas de se sortir de toutes mauvaises situations (il ne va pas vous donner des amis, un toit, à manger, des revenus), mais il serait dommage de l’ignorer dans la mesure ou il peu largement réduire des problèmes réels, sur lesquels de toute manières vous n’auriez peut-être aucune possibilité d’agir, avec la satisfaction supplémentaire d’avoir participé. Il faut dire d’ailleurs que pour certains l’absence d’un jugement extérieur, même d’un psy, peut-être une manière d’apprécier d’autant plus la méthode : personne ne jugera vos difficultés. De plus l’auteur expose des extraits de consultations qui sentent clairement le vécu et qui permettent de se distancier encore avec ses résistances.
« _ […] Ce n’est pas facile de réagir raisonnablement quand les tracas vous tombent sur la tête.
_Je suis bien d’accord avec toi. Ce n’est sûrement pas facile, mais le contraire est-il plus facile, plus agréable ? Est-il finalement plus agréable pour toi de te laisser emporter par tes idées irréalistes ? »
Bien sur on peu toujours fuir, s’échapper temporairement d’un de ses problèmes, et cela peu s’avérer être une bonne solution dans certains cas, et à court terme (par ex. juste quand vous avez besoin de vous endormir), mais a long terme, il vaut mieux s’occuper du problème plutôt que le laisser vous poursuivre.
Voici le modèle général de la méthode proposée (Ch. 2) :
« 1. Un événement se produit dans ma vie à propos duquel je me sens troublé émotivement ;
2. J’observe quelles idées habitent mon esprit à l’occasion de cet événement, quelle perception j’en ai, quel jugement je porte sur lui, quelles phrases intérieures je me répète à ce sujet ;
3. Je compare ces idées, ces perceptions, ces jugements, ces phrases intérieures avec la réalité, la manière dont le monde est en fait ;
4. Si je constate que mes idées sont réalistes, j’en conclus que mon trouble est fondé et il ne me reste qu’à tenter de changer l’événement qui est l’occasion de mon trouble, ou, si cela n’est pas possible, à l’endurer le plus patiemment possible, en évitant de l’amplifier ou de le déformer. »
Le déroulement des idées irréalistes que traite le livre correspond aux travaux scientifiques publiés par le psychologue Albert Ellis (qui a entretenu une correspondance avec Auger).
Il peut-être intéressant pour tout pratiquant de profiter de cette lecture non pour régler le seul problème auquel on peut-être actuellement acculé, mais un ensemble de problèmes dont on pouvait par ailleurs ignorer l’ampleur. Autrement dit : il est conseiller de lire et se renseigner non pas sur la seule idée qui semble nous concerner directement, mais de lire aussi les autres. Par ailleurs, le principe étant facile d’accès il n’est pas exclus qu’a terme on puisse conseiller d’autres personnes confronter elles aussi a des difficultés.
Ces idées, les voici brièvement exposés : (Ch. 4) Ne pas s’enfermer dans une image de difficultés qui serait dues à notre enfance (il ne s’agit pas de nier que notre enfance a été difficile, mais que ensuite, on peut regarder ces difficultés non plus comme actuelles, mais passés. Et ne pas s’enfermer en elles). « De plus, comme la capacité de raisonner avec clarté n’est encore que peu développée pendant l’enfance, il s’ensuit qu’une personne risque alors davantage d’accepter naïvement des idées et des évaluations, qu’elle rejettera peut-être en tant qu’adulte. C’est à ce titre que l’enfance est une période particulièrement délicate pour tout être humain. »
Le besoin d’être aimé et l’estime de soi (Ch .5). Il ne s’agit pas de dire que tout le monde serait mieux seul, et que le besoin d’être aimé est inutile. Mais de montrer qu’il ne doit pas prendre une importance maladive et que cette dernière est souvent la résultante d’une sous estimation de soi. Pour s’en sortir il faut adhérer a l’idée que l’on a de la valeur en nous-même et non par les compétences que l’on est capable de déployer… sans quoi on se sous-estime dès que l’on est pas en situation de les exposer ou de les pratiquer. L’auteur en conclu « qu’il est non seulement impossible, mais nuisible de tenter de se construire une image de soi et de s’évaluer globalement. Je peux bien essayer, et cela est tout à fait légitime, de devenir un meilleur père de famille, un meilleur mari, un meilleur soudeur, un meilleur joueur de football, mais je devrais me garder de l’illusion que je deviendrai pour autant une meilleure personne. »
Socialement es ce que cela veut dire qu’un criminel a autant de valeur qu’un innocent ? La question est mal posée. Il ne s’agit pas de dire que tel ou telle personne a telle valeur, mais de se mettre plutôt d’accord sur des actes que l’on ne veut pas voir être commis et sur une organisation conséquente. En corrolaire, ce n’est pas moi que l’on jugera, mais un acte que j’ai commis en fonction d’une convention qui l’accepte ou pas.
Le perfectionnisme (Ch. 6). Il « mène toujours qu’au même résultat : la frustration, la déception et la dépression ». D’autant plus que l’idée de la perfection est elle même relative, ce qui rend d’autant plus inutile l’intérêt de la rechercher. Globalement il s’agira de se décrocher de la réussite de l’objectif final, de sa seule visée, pour accepter de voir les petits progrès obtenus (ce qui ne revient pas a nier l’horizon). On gagne ainsi deux fois : on profite du plaisir en voyant le parcours, et en plus on se rapproche de la réalisation d’un objectif qui nous est chers (même s’il est possible qu’on ne l’atteind jamais, c’est mieux de s’en être rapproché que d’avoir attendu le moment, ou l’occasion parfaite pour agir… au risque d’agir en fait moins, voir pas).
La culpabilisation et la haine des autres (Ch. 7). Ces pensées représentent une perte d’énergie inutile. Chacun commet des erreurs, et il est d’autant plus difficile de changer si on nous en fait le reproche. On a pas envie de faire plaisir a quelqu’un qui nous agresse. Pour qu’un changement soi possible, aussi bien en soi que chez les autres, il faut laisser un jeu, des libertés de manœuvre et de mouvement qui permettrons l’occasion de ces changements. La pression risque soit d’entraîner la culpabilisation, soit une rationalisation, sans pour autant provoquer de « bon changement » (ce seront des changements sous la contrainte, qui dépendrons donc de la persistance de cette contrainte, avec le risque même pour certains de vouloir s’opposer juste pour rappeler son existence).
Il vaut mieux s’être mis préalablement d’accord sur ce que l’on s’autorise et se permet en fonction d’un objectif que l’on cherche a obtenir, plutôt que l’un décrète aux autres ce qu’ils devraient faire, alors qu’il n’est pas directement victime physique ou mentale de ce qu’il perçoit peut-être seul, comme un « problème ». Remplacer le c’est ta faute, par « que fait on » si cela arrive, et que va tu faire pour améliorer ce que tu as engendré. Responsabilisation plutôt que culpabilisation.
Catastrophisme (Ch. 8). « « Cette situation est insupportable. Je ne peux pas l’accepter, c’est intolérable ; je vais en perdre la tête ! Il faut que ça change, sinon c’en est fait de tout bonheur pour moi. » En m’exclamant ainsi intérieurement, je ne change rien à la situation elle-même, mais je crée en moi une foule de sentiments de dépression et d’agressivité. […] Si l’événement qui vous arrive est vraiment très frustrant et que vous ne disposez présentement d’aucun moyen pour l’éviter ou le modifier, il ne vous reste qu’à l’accepter, sans révolte et sans amertume, quelle que soit son injustice réelle ou apparente, quelque pénibles que soient ses conséquences. Vous ne serez peut-être pas capable de sourire ni de plaisanter quand la vie vous enlèvera ce que vous avez de plus cher, mais il sera déjà bien suffisant que vous n’aggraviez pas votre souffrance en la magnifiant et en l’entretenant par vos pensées irréalistes et vos regrets stériles. »
C’est toujours la faute des autres (Ch. 9). Bien que ce soit possible, mais peu probable, il faut envisager que même dans les cas ou cela arrive, il n’y a pas de raison d’en rajouter. Par ailleurs, il y a des maux, ou tristesse qui sont du uniquement a l’intérêt ou l’attention que nous portons a un jugement, et non pas a une douleur réelle (comme quand qq.un qui vous est chers, vous insulte). Une des difficulté de ce point c’est la non-conscience de certaines idées irréalistes. Il peut-être utile d’examiner toutes les obligations ou pressions que nous ressentons en nous demandant si elle sont le résultat de loi physique ou logique.
L’angoisse, l’anxiété (Ch. 10). Pour moi, le passage le plus important, puisque j’ai clairement ressenti les phénomènes physiques pour commencer a m’en inquiéter… et ils sont tous sauf agréables : gorge qui se serre, bouche qui s’assèche, palpitation cardiaques etc. et j’en passe. Le pire étant probablement, la sensation de mort imminente. Quand j’en ai discuté avec d’autres personnes, j’ai découvert que certain-e-s sont allés aux urgences plusieurs fois de suite, jusqu’à ce que l’on accepte l’idée qu’il s’agit de crise d’angoisse ou d’anxiété. J’ai moi même pour d’autres symptômes (perte de la sensibilité au pieds et doigts qui s’étendaient) était passé un I.R.M cérébral plus ou moins en urgence par ce que je pensais a une S.E.P (Scélore En Plaque), et j’ai bien cru d’autres fois que j’étais en train de faire une crise cardiaque a 4h du matin en me réveillant soudainement. Tout ça parce que je pensais que ces crises psy ne pouvait pas engendrer des phénomènes physiques aussi fort ! Or j’avais tort.
Ces crises arrivent avec l’accumulation de nombreuses angoisses ou anxiété qui peuvent en d’autres occasions passés inaperçus… Jusqu’à ce que le corps décide qu’il est temps de se protéger et se met dans une autosurveillance de soi immodérée. Toutes les défenses sont en marche constante, et l’on repère chaque petite choses qui habituellement passe inaperçues et pour lesquelles ont s’inventent les pires diagnostics (internet aidant). Comme tout ceci serait évidemment trop simple, l’anxiété se mélange souvent au perfectionnisme et a une mésestime de soi. Le fait de savoir que c’est psychologique, ne doit pas mené a la recherche d’un perfectionnisme selon lequel, alors, on va s’en sortir vite. Parceque 1. On s’en sort pas vite, 2. Il faut accepter ce qui nous arrive 3. On peu avoir des sensations de rechute… qui ne doivent pas faire oublier le progrès accompli (cf. perfectionnisme) 4. L’anxiété peu se cacher a de nombreux endroits et en avoir un peu est normal.
D’abord il faut se demander si ce danger est réel, es ce que vous êtes vraiment physiquement en mauvaise santé ? Si c’est le cas, il faut s’y résigner le plus calmement possible. Sinon, il est inutile et dangereux d’ignorer ce sentiment (même si ça peu marcher temporairement), il faut accepter que des crises puissent arriver.
Le sentiment de mort imminente particulièrement désagréable : « Cela nous arrivera à tous, un jour ou l’autre, un peu plus tôt ou un peu plus tard, d’une manière ou d’une autre. Je ne dis pas que la mort soit une chose agréable, mais une chose aussi normale et universelle ne saurait être horrible si ce n’est pas une définition arbitraire ». Ou encore : « Il ne vous reste qu’à accepter l’inévitable sans vous tourmenter ni vous angoisser, ce qui ne contribuerait qu’à rendre plus probable l’accident que vous voulez éviter. Pour vous calmer autant que possible, vous pouvez vous redire qu’il est malheureux que vous soyez forcé de courir ce risque, mais que cela fait partie d’une vie normale, qu’il vous sert à rien de vous inquiéter [...] »
Vous pouvez faire des exercices respiratoires pour vous calmer, en tentant de respirer 3 fois de suite par le ventre, ou encore en vous allongeant et en visualisant de la tête au pied chacune des parties de votre corps comme si vous êtiez en train de le toucher avec vos mains. Tout ces exercices mobilise l’attention.
« Il ne s’agit pas de t’encourager toi-même en te racontant de belles histoires ou en refusant de voir en face les aspects authentiquement difficiles de ta vie pour ne porter ton attention que sur le positif. L’optimisme n’est pas plus efficace que le pessimisme à la longue et il vaut mieux s’en tenir au réel, considéré sous tous ces aspects, puisque c’est tout ce qui existe, en fait. »
C’est trop difficile (Ch. 11). N’attendez pas, ne cherchez pas a éviter les situations difficiles, surtout s’il s’agit de votre santé. Pratiquez l’auto-discipline, l’hédonisme oui, mais a long terme, avec une connaissance réelle de ce qu’il est, a savoir, rien d’une simple accumulation des premiers plaisirs venus, mais bien une organisation stricte pour maximiser ceux que l’on voudrait et en les ayants examinés sous leurs différentes qualités (durée, impact social et environnemental, accessibilité etc.). Il faut répéter souvent, mettre en place ses propres « garde-fous ».
L’image du passé (Ch. 12). Une idée, une pensée est toujours-déjà du passé. Nous pouvons nous endoctrinez nous même dans de mauvaises idées dut a des expériences anciennes. Vous n’êtes plus l’enfant que vous étiez.
Cela devrait être autrement (Ch. 13). Quand qq.chose arrive et que vous ne souhaitiez pas : 1. Et-il indispensable de s’en soucier ? De changer cela ? 2. Si oui, vous y parviendrait certainement mieux en agissant dans le calme, en respectant leur objectif a eux ou en trouvant ceux que vous auriez en commun, « en respectant leur autonomie et leur droit à mener leur vie à leur manière » 3. « Il vous faudra forcément accepter souvent des solutions raisonnable plutôt que des solutions parfaites aux problèmes de la vie. Pendant que vous vous cassez la tête à chercher la solution parfaite ou que vous déplorez de ne pas l’avoir trouvée, vous n’appliquerez pas votre esprit à inventer les diverses solutions possibles à votre situation et à les évaluer objectivement en fonction de leurs avantages et de leurs désavantages. »
C’est trop fatigant (Ch. 14). Attendre que les choses se réalise sans y participer n’apporte que rarement de plaisir, et essayé est très gratifiant et peu apporter un sentiment d’accomplissement. « Certaines personnes […] sont presque toujours paralysées dans leur action par une peur quelconque, la plupart du temps par la crainte de l’échec. Comme elles croient qu’elles ne pourraient pas supporter un échec, ces personnes s’éloignent de toute action dont le résultat n’est pas parfaitement assuré. Comme cette assurance est presque toujours impossible à obtenir, il s’ensuit qu’elles végètent dans une inaction marquée. »
Par ailleurs les études ont montré que plus que les bonnes pensées même aux bonnes actions, ce sont en fait les bonnes actions qui libèrent et multiplies les bonnes pensées.
Conclusion. Pour finir le livre propose aussi quelques petits exercices pratique pour entraîner sa réflexions a reconnaître les mauvaises idées et a proposés des solutions. Une manière de prolonger et de réellement faire vivre la méthode.

Notes :
1Tout ceci explique pourquoi la note sur l’angoisse/anxiété sera plus développée que les autres.
2Attention, pour les tenants en l’existence de Dieu, vous serez peut-être plus a l’aise avec Christophe André, de même que les Athées se sentirons probablement mieux avec Lucien Auger. De ce que j’ai lu de toute façon, il y a des problèmes quelque sois nos croyances, que celles-ci soit rationnelles ou le ne soit pas, a partir du moment ou elles engendrent de mauvaises idées sur soi-même.
Il faut préciser ici, que tout ces conseils de titres de livres m’ont été fait par des pratiquants (psy) eux-mêmes.
3Dans les faits, les Épicuriens avaient eux aussi vu et partagé antérieurement cette idée.
4C’est un bio-anthropocentrisme assez pragmatique et efficace il faut bien le reconnaître.
5Pour être clair j’ai passé de gros moment a batailler avec ce sentiment. L’enjeu en vaut la chandelle.

jeudi 9 octobre 2014

Lecture de Science et Religion de Bertrand Russell


Bertrand Russell dans science et religion, fait un des premiers bon tour de la question en mêlant science, philosophie, et étude des avis religieux. Il aborde des problèmes complexes (rapport âme-corps, la perception, la conscience), avec une philosophie extrêmement claire tout en prenant en compte des auteurs réputés difficiles (Kant, Hegel) en n’hésitant pas a démystifié certains auteurs et idées.
Dans le ch. 1, Science et religion prétendent a la même recherche de la vérité factuelle, elle seront en conflit. Mais si la science conserve la question de la vérité et que la religion accepte son seul terrain morale, les conflits diminuerons. À cette fin la religion doit accepter de ne pas chercher à déduire la morale de croyance non-scientifiques. Dans les chapitres suivants Russell montre les méfaits des croyances religieuses sur différentes aspects : l’astronomie (ch.2), l’évolution (ch. 3), médecine (ch. 4), la psychologie [a travers le thème de l’âme et de la conscience] (ch. 5), la causalité (ch. 6), l’accès au savoir (ch. 7). Il rappelle aussi l’omniprésence dans la religion d’un finalisme (téléologisme, ch. 8), alors qu’il est possible de dissocier les idées morales, des descriptions scientifiques (ch. 9), enfin il conclue en montrant que l’apaisement de la religion n’est qu’un geste d’un mouvement qu’il souhaite plus général (ch. 10).
En astronomie, la religion chercher a conserver l’idée d’un aristotélisme et déisme anthropocentriste fort, qui place l’homme et « sa » Terre au centre d’un univers par ailleurs fixe, habité par des formes parfaites dessiné par un dieu ingénieur de l’univers. Copernic, Kepler, Galilée on du se battre avec le clergé pour leur opinions divergente (sans être pour autant athée).
En évolution, contre l’idée d’une création plus ou moins spontanée, jeune, crée dans sa perfection, l’idée de d’évolution s’applique à l’ensemble des sciences, en particulier : l’univers (Kant, Laplace), la géologie (Hutton) et les animaux (Buffon, Lamarck, Darwin).
En médecine, la religion à fait proliférer l’idée que les maladies peuvent être causée par le démon, la possibilité de soins miraculeux, et des traitements qui durcissent de l’exorcisme a la torture en cas de résistance du mal. Par ailleurs elle a considérablement combattu l’anatomie (en particulier la dissection), la physiologie (dont la circulation du sang), les « injections » visant a amoindrir les maladies (l’inoculation puis la vaccination) ou la souffrance (l’anesthésie). Au-delà de la condamnation des doctrines et des pratiques, elle a condamnée des médecins.
En psychologie, l’âme et son jugement son maintenu malgré leur critique par un matérialisme grandissant, pour des raisons de conservatisme moral (par Descartes et Kant notamment).
Des doutes sur la causalité, mettant en jeu le libre-arbitre et le déterminisme sont exposés a travers la physique quantique. Russell ne tranche pas, reste sceptique et canalise : « La recherche des lois causales […] est l’essence de la science ; par suite, dans un sens purement pratique, l’homme de science doit toujours admettre le déterminisme comme hypothèse de travail. Mais il n’est pas tenu d’affirmer qu’il existe des lois causales, sauf quand il les a effectivement découvertes : ce sait même imprudent de sa part. Mais il serait plus imprudent encore d’affirmer positivement qu’il connaît un domaine où les lois causales n’agissent pas. »
L’accès au savoir est différent pour la religion qu’il pense qu’une modification de la personnalité morale et physique est nécessaire, alors que le scientifique mettra en place une situation, proposera des instruments, sans pour autant exiger d’une personne qu’elle soit « réceptive », qu’elle pratique le jeûne, la méditation, des exercices respiratoires, voire prenne des drogues (elle peuvent produire des effets, des fragments de vérité, mais pas une source de sagesse générale).
Le finalisme religieux existe sous différente forme (donné dés le début, en progression constante, émergent), mais au vu du résultat, on peu se demander s’il s’agit vraiment d’une réussite, et c’est un faible réconfort pour ceux qui meurent de faim et de soif de savoir que Dieu a fait le meilleur des mondes ou qu’il est lui même le monde. Il est fort probable par ailleurs que l’histoire des vivants sur terre se termine non seulement pour les humains mais pour l’ensemble des vivants qui si déplacent tout simplement avec la fin de notre Soleil.
Dissocier les idées morales des descriptions scientifiques, voilà une des propositions afin de bien laisser continuer la science a oeuvrer, tout en permettant aux tenants d’avoir leur avis moral personnel. Russell insiste sur la distinction de preuve et de rationalité en science, alors que la morale userait du registre des sentiments pour se répandre.
En conclusion, la progression d’une religion libérée de tentations barbares par la science, n’est qu’un geste d’un mouvement plus général qui devrai s’appliquer aussi bien a la science qui parfois améliore la barbarie, mais plus encore a la libération d’une classe dirigeante internationale toujours en droit d’agir comme l’inquisition la fait sur les diverses opinions politiques et qui saura toujours se servir de la science avec arrogance et pour son propre compte.

jeudi 3 juillet 2014

Remarques sur le livre Radicalité, 20 penseurs vraiment critiques et sur la contestation en général.

Je viens de terminer la lecture du livre « Radicalité, 20 penseurs vraiment critiques », il m'a inspiré plusieurs remarques, certaines sur l'ouvrage lui-même, d'autres plus générales.

Pour donner de grandes lignes, je dirai que le livre dans son ensemble est intéressant et bienvenu pour sa visée pédagogique, mais que la présence, sous couvert d’axe critique disons, du progrès, d’auteurs clairement réactionnaires (Lasch et Pasolni a minima...), et d'un contributeur1 d’extrême-droite (Charles Robin) est un très mauvais point dans une maison d’édition militante libertaire.

Sur le livre. La couverture fait un peu viriliste, même si l'on peut y voir une réponse au livre « hémisphère gauche » qui présentait un cerveau, comme pour signifier qu'ici, la pratique prend une place prédominante sur l'unique réflexion.
Le titre lui-même, ne m'a pas rassuré, on peut avoir l'impression d'un « à qui pissera le plus loin » (20 penseurs vraiment critiques).
Le dos du livre met Gilles Deleuze, Alain Badiou et Toni Négri dans le même panier, ce qui déjà peut poser question, mais surtout il les considère comme des participants « au déploiement du capitalisme avancé ». Ce qui est un peu fort. Qu'on ne doute pas que les ambitions du collectif dans cet ouvrage soit différentes des leurs, qu'ils proposent des analyses différentes, et qu'ils se veulent plus critiques, on n'en doute pas. Mais ça ne devrait pas entraîner que ces auteurs, qu'on peut juger « réformistes », ou « alternativistes » n'avaient clairement pas pour ambition de participer au « déploiement du capitalisme avancé », ils auraient tout aussi pu bien dire qu'ils ont eu un raisonnement erroné, qu'ils se sont trompés, ont menti etc... Mais c'est différent. En même temps, cela rentre dans une critique que j'évoquerai plus tard, à savoir le manque de nuances, avec un étrange faux dilemme, soit avec nous, soit contre nous.

L'introduction essaie de faire un résumé général des critiques que l'on peut actuellement exposer, la critique des cultural studies notamment m'a paru intéressante, mais j'étais déjà traversé d'une inquiétude concernant ce qui allait pouvoir être défini comme « radical » car si l'on retient surtout le fait d'être en rupture avec le système, alors les créationnistes, tout comme les fascistes peuvent êtres retenus comme radicaux... Malheureusement ce n'est pas faux.
Par ailleurs les préfaciers affirment vouloir retrouver le sens de la limite. Or précisément, c'est une fois le sens établi que des limites découlent naturellement. Quand on a décidé vers où on voulait aller, logiquement, les limites apparaissent toutes seules.
La sélection des auteurs laisse à désirer. Et pas simplement pour des auteurs manquants faute de place. Je pense que la présence de Günther Anders, des Personnalistes Gascons (Bernard Charbonneau & Jacques Ellul), de Ivan Illich2, de Herbert Marcuse3, de Lewis Mumford, de François Partant, de Moishe Postone, de Vandana Shiva4 et de Simone Weil5 est bien vue, mais pour le reste c'est très discutable. D'autres auteurs, sur le même sujet auraient mérité leur place. Ormis Serge Latouche, que les éditeurs regrettent eux-mêmes de ne pas l'avoir mis (mais peut-être que cela aurait été possible, s'ils avaient viré quelques auteurs plus que contestables), on peut regretter l'absence du très polémique John Zerzan (courant anarcho-primitiviste), de Paul Virilio, de Alexander Grothendieck (de Survivre et Vivre) ou même simplement de Paul Feyarabend, voire Henri Lefebvre6. Cela si l'on voulait conserver l'axe critique du progrès avec quelques écrits en français. D'autres auteurs, nombreux aux Etats-Unis auraient été bien vus, précisément parce qu'on ne trouve rien en français sur eux. Je pense notamment à Steven Best du courant « total liberationism » ou des personnes du mouvement Deep Green Resistance comme Derrick Jensen.
Les justifications avancées concernent par ex. le manque de médiatisation7. Mais dire que Michéa manque de médiatisation, ce n'est pas sérieux. Michéa est chaque fois invité pour taper sur la gauche, tout en pouvant se prétendre d'une certaine gauche, et dans le même mouvement il ne dit quasiment rien de la droite.
Certains auteurs qui figurent dans les fiches de lecture, ne devraient à mon avis pas figurer dans une collection libertaire. Ceci étant peut-être dû à la perspective choisie, clairement indiquée comme reprise à Dwight Macdonald8. Je pense en particulier à Chistopher Lasch qui nous inflige une éloge de la famille, là où Richard Sennett (lui aussi dans les auteurs sélectionnés), rappelle pourquoi les conservateurs avaient tort sur ce point ; ainsi évidemment qu'à Michéa dont les pensées sont présentées d'une part par un auteur9 proche d'Égalité & Réconciliation10 et d'autre part critique de l'émancipation féministe et des mœurs à laquelle ont participé les révoltes de 1968 en la confondant avec une adaptation dont est capable le capitalisme pour survivre. Pour ma part, je reprocherai plutôt la fiche de lecture sur Michéa (car l'auteur pose en soit problème et que c'était visible à la lecture), que de ne pas avoir vu qui est Charles Robin qui l'a écrite (car il est vrai que traquer sur internet la vie de chacun n'est pas forcément la première des choses à laquelle des libertaires pensent, même si la stratégie confusionniste en nette progression peut justifier un regain de méfiance).
Je pense aussi aux auteurs psychanalysant, comme Dany-Robert Dufour.
Je n'ai pas compris l'intérêt de la présentation de Sfez, quant à Pasolini, j'ai quelques réticences que je ne peux pas étayer en l'état de mes connaissances, mais il me fait plutôt penser à une sorte de « rouge brun » (National Socialiste c'est-à-dire nazi) homosexuel, misogyne, critique du consumérisme et de la télévision, mais pas à un critique libertaire anticapitaliste.
Et je m'interroge, enfin, sur le fait que la présentation de Michela Marzano par Aurélie Puybonnieux évacue qu'elle soit une députée de centre gauche11 !

D'une manière générale, le point positif que je vois à l'ouvrage est sa volonté pédagogique (transmission de fiches de lecture, indications bibliographiques, citations paginées) et sa reconnaissance envers des auteurs, là où d'autres passent leur temps à critiquer comme s'ils ne devaient leurs connaissances à personne.
J'ai l'impression de retrouver une erreur (que j'avais vue une fois chez P.M.O. [Pièce et Main d'Oeuvre]) à savoir que la critique de la technologie faisant priorité, les autres types de contestations passent au second plan, permettant d'accueillir jusqu'aux textes les plus réactionnaires. Cependant, ce livre a la prétention précisément de présenter des gens qui prendraient les problèmes à la « racine ». C'est à se demander quelles mauvaises herbes exactement cherchent-ils à couper et à quel point la diversité du champ en question doit être grande pour que les auteurs y présentent des positions si différentes. Limite, Bernanos (auteur réactionnaire) pourrait y avoir sa place !
Espérons que cette mésaventure des éditions l'Echappée leur servira de garde-fou et que les prochaines publications n'en seront que meilleures.

Les éléments de réflexion que je me propose de partager maintenant me sont inspirés par une attitude que j'ai l'impression de rencontrer de plus en plus souvent chez ceux qui se présentent comme des « critiques » ou des « radicaux ». Je proposerai aussi un point sur ce que je pense qu'on peut qualifier d'idéologie confusionniste, et un retour à un problème classique : le sophisme naturaliste.

Depuis quelque temps je rencontre et lis des personnes qui ont plus une attitude radicale qu'un fond de radicalité.
Ils jouent à « qui pissera le plus loin » à travers leurs critiques, à « qui a la plus grosse », « qui dépasse qui » etc...
Par ailleurs, il est difficile d'émettre une critique sur leur avis, sans qu'ils te balancent illico, dans le camp opposé. En fait, ils ne semblent pas connaître la notion de mesure, ni de degré.
Je les vois aussi toujours chercher à avoir le dernier mot, comme si la discussion devait être « remportée », au lieu d'être l'occasion d'un partage et d'une rencontre. Ils n'expriment pas de questions, et encore moins de doutes sur leurs avis, souvent péremptoires.
Enfin (exception faite pour ce livre), ils ne font nullement preuve de pédagogie, considèrent beaucoup de choses comme forcément acquises, ou ne s'embêtent pas avec la transmission. Le partage affiché en devanture ressemble à une opération publicitaire, pas de rétribution, pas de reconnaissance. Nada.

La lecture de Michéa et d'autres auteurs du même genre permettent à mon avis de cerner réellement une idéologie confusionniste, et pas simplement une stratégie comme je l'ai vu un temps.
On y voit une négation des structures, qui sont aussi, ou encore, autoritaires, pour faire comme si tout le pouvoir s'était déjà restructuré sous la forme de réseaux (avec des nœuds plus concentrés que d'autres). Autant dire que la publicité, la hiérarchie dans les entreprises, la structure police-sénat-député-gouvernement12, et au final les classes sociales engendrées par les revenus différents n'existeraient plus. D'autres voient là une émancipation libérale-libertaire insuffisante, or il n'y a pas émancipation, ou usage moindre de la force, mais déplacement. C'est juste que le patronnat s'est approprié la puissance technique, rendant la question de la production moins humaine et la consommation et la propriété de plus en plus importantes.
Le libéralisme est pris pour un « progressisme », alors qu'il s'est toujours affiché en « objectivisme ». C'est-à-dire qu'il n'est pas du tout inscrit dans le libéralisme que les enfants ne doivent pas travailler, ou que les femmes doivent être aussi libres que les hommes. Si cela pousse dans ce sens « chez nous », c'est parce qu'il y a eu des luttes, et qu'il a du s'adapter. Mais si l'on regarde un temps soit peu à l'échelle du monde, on voit très bien que le libéralisme-réellement-existant se satisfait tout autant d'autres situations. Cela entraîne, chez les confusionnistes, un refus de la critique du patriarcat (avec une défense de la famille [critique de la possibilité du divorce], un refus de l'accès libre et gratuit à l'I.V.G., et une vision des révoltes de 1968 comme logique libérale) ainsi qu'une ambiguïté sur la question des cultures, qui sont vues unanimement comme une protection populaire contre le capitalisme, sans voir que certaines peuvent aussi couvrir des principes racistes et autoritaires quand elles sont cristallisées par une institution, alors qu'il y a diversité à l'intérieur même d'une culture (sur ces questions je renvoie à Martha Nussbaum, qui malgré tout, a su voir clair sur ces problèmes).
Ces dégâts sont réels, dans la mesure où, mêlé aux conspirationnistes, cela abouti à une nouvelle forme anti-juive mais non associée péjorativement au nazisme. Une tendance qui risque d'inspirer ceux qui sont en manque de repères.
Une telle pensée laisse aussi une place à l'attente d'un homme providentiel tout en mettant au point une forme nouvelle de culture (raciste et antisémite), qui se traduit comme une sorte de conscience venant prendre la place de la conscience de classe que les autres courants politiques n'ont pas su populariser.

Enfin je note un regain du sophisme naturaliste, cette tendance à confondre description et prescription.
D'abord avec la psychanalyse. La psychanalyse n'est pas une science. Elle n'a aucune base expérimentale d'une part, comme l'Histoire ou les Mathématiques me dira-t-on, mais d'autre part, elle n'a aussi aucune base conventionnelle, menant à des courants tous plus variés les uns que les autres, ou chacun y va de sa chansonnette. En tant qu'outil non-thérapeuthique, qui n'a pas pour ambition des préconisations sociales ou comportementales, cela peut s'entendre (juste une analyse de la psyché)... malheureusement, c'est bien souvent à d'autres choses qu'elle sert.
L'acceptation qu'une idéologie prenne le pas sur une description de la réalité entraîne aussi de mauvaises conséquences : négation de certains faits, éviction d'autres savoirs en désaccord avec l'idéologie.
Mais pour finir, je voudrais rappeler aussi sa variante scientiste : si ça fonctionne, c'est que c'est bon. Que c'est une bonne chose pour la société. Pas du tout. Ce n'est pas parce que le nucléaire fournit de l'énergie, ou que l'on peut obtenir des plantes par une modification génétique, que le nucléaire et les P.G.M. (Plantes Génétiquement Modifiées) sont une bonne chose. Alors, non pas pour des raisons scientifiques (toxicité), mais bien politiques : le nucléaire, c'est accepter la militarisation (et donc la négation de l'égalité de droit entre les individus) en cas de pépin, les P.G.M. c'est, bien souvent, le brevetage du vivant13. Ces indications ne concernent pas que les scientifiques, beaucoup de militant-e-s malheureusement se trompent de terrain (et souvent ne le maîtrisent pas) en avançant des arguments scientifiques, ils clôturent eux-mêmes le débat démocratique pour laisser la main aux experts.

Florian Olivier, Juillet 2014.
1Le contributeur Olivier Rey n'est pas d'extrême droite. Contrairement à une première version de cet article, et aux indications de Max Vincent suite à celle qu'a publiées Yves Coleman sur le site Ni patrie ni frontières (http://www.mondialisme.org/spip.php?article1990). Il ne doit pas être confondu avec son homonyme. Bien qu'ils aient des idées religieuses tous les deux, ce n'est pas le journaliste d'extrême droite décédé en 2012 qui a écrit la contribution au livre (Merci a « Rastapopoulos » de me l'avoir fait remarquer rapidement sur Seenthis).
2La contribution de Jean Robert est assez décevante (personnellement elle m'a même énervé). Je conseille à ceux qui en auraient l'occasion de lire plutôt l'article de Anne Matalon sur Illich dans le Dictionnaire des philosophes (dir. Denis Huisman), il est plus court et plus synthétique.
3La contribution de Patrick Vassort n'est pas mauvaise, cependant elle fait de Marcuse un sous-Günther Anders, tout en ayant toutefois fait ressortir un aspect spécifique de sa critique de l'autorité. Je conseille en complément l'article de Jean-Michel Palmier sur Marcuse dans le Dictionnaire des philosophes (dir. Denis Huisman), il retranscrit mieux certains avis politiques spécifiques, ainsi que les enjeux du courant freudo-marxiste et la position spécifique de Marcuse. Par ailleurs la bibliographie indiquée est plus complète.
4Dont on aurait aimé plus de détails ou d'exemples sur sa critique de la science.
5Qui aurait mérité plus d'informations sur l'aspect religieux.
6Auteur entre autres de Vers le cybernanthrope. éd. Denoël [Contre les technocrates - 1967] 1971.
7On peut lire aussi les remarques de Max Vincent sur ce sujet dans son commentaire sur le site de l’herbe entre les pavés. Sa lecture est intéressante. Cependant il fait un contre-sens sur Sennett, en disant qu’avec Marcolini on a une appréciation de la famille, alors qu'il en exécute une critique. Je ne peux cependant rien dire sur le livre sur les situationnistes de Marcolini, ne l’ayant pas lu, et appréciant de moins en moins l’IS (Internationale Situationniste) et sa mythologie. Ces autres lectures, sur Bauman, Lasch, Weil et Pasolini me semblent viser juste.
8Max Vincent, dans ses commentaires, a bien pointé le problème. Les auteurs présentent la ligne de Macdonald, mais oublient étrangement ceci : « Macdonald [...]constate que ceci “amène le radical à critiquer la doctrine progressiste dans des termes proches de ceux de la droite, d’où une bonne part de confusion”. On ne saurait mieux dire. Poursuivant sa comparaison, Macdonald avance alors que “contrairement au progressiste, le point de vue radical est sans doute compatible avec la religion”. Une indication pour le moins intéressante. Dwigth Macdonald, qui dit avoir évolué de la position “progressiste” à celle “radicale”, reconnaît trouver moins d’intérêt qu’auparavant à “l’action politique”. Ceci assorti du commentaire : “On devient souvent conservateur en vieillissant”.»
9Comme l'a remarqué « Paul », dans la retranscription de la 3e partie de l’émission de radio Vosstanie du 30
novembre 2013, que l'on peu trouver ici, http://mondialisme.org/spip.php?article2029. La discussion générale est intéressante, notamment sur la disparition de la prise en compte des rapports de classes (à l'exception de Marcuse et Postone qui reviennent dessus, même pour lui donner un sens différent, et il ne faut pas oublier que Ellul était aussi un grand connaisseur de la pensée de Marx), bien que j'ai de nombreux désaccords, notamment sur la qualification et le rejet de l'ensemble des auteurs sélectionnés, comme « anti-industriels ». D'une part ils ne le sont clairement pas (Zygmunt Bauman, Richard Sennett... sont très loin de l'être), d'autre part je pense qu'on ne peut vraiment pas tous les mettre dans le même panier de critiques du libéralisme (comme « Nico » le propose), alors que pour la plupart c'est clairement du capitalisme, et d'autres pouvoirs (patriarcat, exploitation écologique) qu'ils critiquent. Enfin le courant anti-industriel à mon avis, n'en est pas à faire une éloge de la tradition sur laquelle il faudrait s'appuyer, mais critique essentiellement la disparition d'un type de travail qui est l'artisanat. Cependant le regain de publications autour de Dwight Macdonald peut poser effectivement des questions, tout comme celles de Theodore J. Kaczynski qui bien qu'intéressantes à lire, posent une question en tant que publication valorisée par l'E.D.N. (Encyclopédie Des Nuisances) qui est militante.
10officine d'extrême droite qui fidélise sa clientèle chez les conspirationnistes, les perdus qui se laissent prendre par des discours volontairement confusionnistes, et des antisionnistes qui servent de paravent à une critique des juifs.
11Comme l'a remarqué « Paul », dans la retranscription de la 3e partie de l’émission de radio Vosstanie du 30
novembre 2013.
12Bauman, par ex. (mais il n'est pas le seul) pense que l'Etat n'a plus vraiment de pouvoir ou d'importance. Or précisément ils sont dans un jeu de collaboration avec le capital, en diminuant les taxes, en facilitant la destruction des droits sociaux, ou encore en retirant tous les impôts. Et remettre de l'Etat fort, comme l'appellent les réactionnaires, est loin d'être une solution : ce dernier étant avant tout une bande armée qui fera tout pour se maintenir elle-même et pour conserver ses privilèges.
13Ce qui se traduit souvent par un piratage des connaissances d'autres peuples que des scientifiques viennent confisquer. Comme le rappelle justement Aude Vincent dans sa fiche sur Vandana Shiva.