Les questions éthiques formalisée sur ce que nous appelons la
nature sont une activité récente (dont on trouve une vision
idéologique dans l’introduction du principe de précaution de Hans
Jonas), mais la réalité d’une réflexion ou d’une inter-action
spécifique avec elle est ancienne. On la retrouve à travers des
aliénations religieuses, ainsi que des pratiques a travers
l’activité des paysans, ou de métiers spécifiques plus tardif,
issue de l’émiettement par le capitalisme en spécialisation
productive comme l’agriculture, la foresterie, l’élevage...
D’autres cultures ont eu une relation différente, dans la mesure
ou il ne désignait pas ce que nous percevons sous le terme de
« nature », mais d’autres ensembles qui peuvent nous
paraître proches. Nous les étudions aujourd'hui a travers ce que
nous appelons l’éthno-écologie, du moins si cette dernière est
elle même assez ouverte, pour ne pas attendre du terme « écologie »
un savoir du type du notre, issus d’expérimentation dans des
laboratoires, ou en tout cas de savoir fait pour circuler et être
jugé entre pairs. Si ce n’est pas le cas, disons que d’une
manière générale des cosmologies différentes, des conceptions du
monde différentes existe et donne lieu a des représentations et des
pratiques différentes. Un petit tour d’horizon a été notamment
tenté par J-B. Callicott dans « Pensées de la terre »
[Earth’s Insights : a Multicultural Survey of Ecological
Ethics from the Mediterranean Basin to the Australian Outback,
1997].
Sur Éthiques de la nature, de Gérald Hess,
Hess a cerné un panorama honnête de la discipline, et comme l’a
remarqué Corine Pelluchon1,
son goût pour le pluralisme moral, et un certain pragmatisme permet
d’éviter une succession d’idées reçues sur chaque courant, qui
se terminerai par la présentation glorieuse d’une dernière
approche. Malheureusement l’exécution de l’exploration se fait
aussi a travers un goût prononcée pour la phénoménologie qui, il
me semble, a freiner tout approfondissement pratique des questions.
C’est d’autant plus regrettable que l’auteur semble les
connaître, mais il ne fait que les esquisser ici et là, sans
délivrer de véritablement éléments de problématisation a un
lecteur qui s’il ne les soupçonne pas, peu voir tout ce déballage
conceptuel pour des fadaises intellectuelles, là ou le
questionnement est pourtant important.
Pour donner un exemple, la question de la biodiversité n’apparaît
tout simplement pas (alors que l’auteur a lu le livre de Virginie
Maris sur la question par ex.). Pas plus que les conséquences d’une
vision purement économique ou « croissanciste » de
l’écologie. L’extension de l’urbanisme ? Les marées
noire ? Rien. Quand a la question que pose certaines techniques
(OGM, nucléaire, ou autre), elles sont évoquées... mais comme ça,
sans plus d’intérêt. Tout cela alors que le livre Éthiques
Animale de J.B Jeangène Vilmer, précédent livre du même type
a la même édition et collection, censément donner la voie pour le
type d’exposition attendu, lui ne s’est pas privé de tout une
partie pour décrire les pratiques du milieu. Par ailleurs, on trouve
en français, le livre « Éthique de l’environnement »
de Joseph R. Des Jardins sur le même sujet et qui par a chaque fois
d’un cas concret. Comme quoi un exercice proche n’est pas
impossible.
Qu’on ne s’y trompe pas. On y trouve tout de même de bon
éléments, qui viennent notamment relayé des présentation que l’on
ne trouve pas en français (si ce n’est si on a lu la thèse de
Virginie Maris) et sa connaissance de l’anglais, mais aussi de
l’allemand, permet de sortir d’une réflexion francophone encore
jeune sur la question.
Enfin les connaissances scientifiques de l’auteur sur le sujet
n’apparaissent pas non plus. Et manque cruellement. Il n’y a
aucun questionnement sur la méta-éthique, savoir de quoi il
faudrait s’inquiéter est important, mais si on n’étudie pas la
question de savoir comment partir de la vision qu’on les gens de
ces questions pour leur permettre de l’approfondir, autant dire
qu’on ne parle qu’entre philosophes. De même, rien sur
l’éthologie, qui a pourtant beaucoup fourni sur ce que l’on
entend en partie aujourd’hui par nature (au lieu de cela on trouve
une petite inquiétante référence a Heiddeger qui a certes rappeler
la pluralité des mondes... mais a aussi introduit l’idée d’une
hiérarchie ou l’humain prend la première place dans les qualités
de ces mondes.), et dont aucun auteur n’apparaît (Lestel, Frans de
Waal par ex.).
Je dirai simplement que l’auteur présente donc, un travail
intéressant, mais a compléter... et qui malheureusement risque de
ne touché que ce qui rêve encore des philosophes-rois.
1http://www.laviedesidees.fr/Nature-et-pluralisme-moral.html